Antmen Ahu, Hale Tenger : içerdeki yabancı = stranger within, Istanbul, Yapi Kredi Kültür Sanat Yayıncilik Ticaret ve Sanayi A.S., 2007
Never Never Land, Mannheimer Kuntsverein, Mannheim, 2001
→Dream H(a)unter, Institut culturel français, Izmir, 2008
→Perspectives: Beirut, Smithsonian Institute, Washington, 2011
Artiste multimédia et vidéaste turque.
Hale Tenger cultive une approche protéiforme de la création. Ses vidéos comme ses installations appréhendent les préoccupations sociales, politiques et culturelles de la Turquie contemporaine, et notamment la question de la féminité : dans Cross Section (1996), une vidéo en noir et blanc, l’image d’une femme porte le sous-titre Elle dépasse la notion de genre et interroge le spectateur sur le concept d’identité culturelle. Afin de critiquer les événements politiques, l’artiste exploite des éléments aussi divers que des singes, des gants de boxe, ou une bouteille de passiflore. Lors de sa première exposition à la Biennale d’Istanbul en 1992, son installation, I Know People Like This (1992), composée de statues de dieux en métal ainsi que des trois singes de la sagesse entourés d’étoiles, détourne le symbole du drapeau turc ; profondément choquées, les autorités du pays la poursuivent en justice. Ses images élaborées, captées ou proposées font aussi allusion à l’actualité internationale : après l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri, elle réalise Beirut (2005-2007), une vidéo montrant la façade de l’hôtel Saint-Georges, profondément endommagée lors de l’attentat ; sur un fond de musique inquiétante, les rideaux blancs suspendus aux fenêtres de l’immeuble, seuls acteurs de l’œuvre, tourbillonnent de plus en plus vite, jusqu’à la dissolution même de l’image.
Tenger poursuit ses réflexions sur l’identité du peuple turc en opérant, en 2003, un syncrétisme avec Turkish Delight, qui associe la sculpture du dieu grec de la fertilité, Priapus, et les décors de la céramique d’Iznik. Le passé, déconstruit et reconstruit, constitue l’un des éléments plastiques fondamentaux de son vocabulaire esthétique, comme en témoigne l’installation vidéo Balloons on the Sea (2011). Une place importante est également accordée au son : dans Decent Deathwatch: Bosnia-Herzegovina, son collaborateur, Serdar Ateser, mixe les sons et voix enregistrés dans un camp de réfugiés en Turquie, créant ainsi un suspense et une atmosphère angoissante, propres aux vidéos d’H. Tenger.