Lin, Hila Lulu, Shoham, Dina, She / Hila Lulu Lin, Ein Harod, Mishkan LeOmanut Ein Harod, 2007
→Goren, Nili, Kassovsky, Daria, Hilla Lulu Lin, Mole, Tel-Aviv, Mishkan Museum of Art, Ein Harod, 2005
→Tenenbaum, Ilana, Miles I Would Go, Haifa, Haifa Museum of Art, Haifa, 1998
Artiste pluridisciplinaire israélienne.
L’approche singulière de Hila Lulu Lin Farah Kufer Birim, qu’elle façonne dès le début de sa carrière artistique, s’exprime dans chacun de ses projets artistiques. Le langage visuel vif et audacieux qu’elle développe continuellement dans sa pratique de la vidéo, de la peinture, de la sculpture, du dessin, de la gravure et de la poésie donne naissance à un univers fantastique et pluridisciplinaire qui ne se réduit pas aisément à un style et à un médium unique. H. L. L. F. K. B. se sert d’un vaste éventail d’actes visuels et sensoriels afin d’explorer les limites d’un corpus personnel qui donne forme au discours artistique israélien dans les années 1990 et, de fait, constitue un jalon important de son développement.
Le vocabulaire textuel et visuel que développe H. L. L. F. K. B. prend forme au cours de ses études à l’Académie Bezalel des arts et du design de Jérusalem, où elle enseigne encore à ce jour en tant que maîtresse de conférences. Elle y obtient un diplôme d’art en 1989 et reçoit un prix spécial pour son projet de fin d’études. En 1992, sa première exposition individuelle à la Bograshov Gallery de Tel Aviv présente des objets sculpturaux hybrides qui préfigurent son esthétique à la fois séduisante et rebutante. L’inclusion méticuleuse de ready-mades dans cette série de sculptures ancrées dans le symbolisme féminin associe H. L. L. F. K. B. à un mouvement d’artistes femmes de la fin du XXe siècle qui s’efforcent de présenter une approche alternative et critique.
Ces thématiques se poursuivent au sein de sa production vidéo, notamment dans l’œuvre No More Tears [Plus de larmes, 1994], dans laquelle un jaune d’œuf glisse lentement le long de la peau de l’artiste ; captivante, la petite boule jaune entre et sort de sa bouche sans jamais crever. Dans d’autres œuvres, le corps de H. L. L. F. K. B. devient à la fois le sujet et l’objet : ses yeux, ses sourcils, ses narines et ses mains se meuvent de concert pour donner lieu à des actions qui associent plaisir et douleur, tout en prenant part à une déconstruction conceptuelle et émotionnelle du langage, de l’identité et du récit. Comme l’écrit l’artiste : « Cette utilisation du corps individuel-indépendant en tant qu’espace infini potentiel me permet d’explorer les états contraires et oppositions binaires qui incarnent la tension entre l’étranger et le familier, le propre et l’abject, la vie et la mort, l’externe et l’interne, le grand et le petit, l’intime et le visible. » Ces œuvres datant des années 1990 accentuent la présence de la corporalité et de l’aspect tactile du travail de l’artiste et illustrent sa capacité à créer une tension hypnotique à travers des actions simples, concrètes et matérielles. Elles reçoivent un accueil favorable, font l’objet d’expositions en Israël et aux États-Unis et lui valent l’octroi d’une bourse par l’America-Israel Cultural Foundation en 1994-1998, ainsi qu’un prix décerné aux jeunes artistes par le ministère de l’éducation et de la culture israélien en 1998.
Ses œuvres vidéo et ses performances créées au début des années 2000 (comme Drop of Milk [Goutte de lait] ou Mole [Taupe]) mettent en scène des récits plus longs et plus ouverts qui marquent une transition de l’intime vers des conflits publics et politiques. Les projets de longue durée qu’elle conçoit avec son compagnon Hanna Farah Kufer Birim (1960-) ouvrent la voie à sa carrière d’artiste engagée. Leur série d’actions aux airs de rituels explore ce que signifie le sentiment d’appartenance personnelle ou collective d’un point de vue architectural, social et politique, brouillant ainsi la limite entre art et vie réelle (comme Sharnaqa, Kufer Birin, 2003-2021). Les expositions individuelles dont elle bénéficie à cette époque (Mole, Tel Aviv Museum of Art, 2005 ; She, Mishkan Museum of Art, Ein Harod, 2006), assoient son statut d’artiste avant-gardiste qui s’efforce de remettre en question les conventions en vigueur et d’engager un dialogue avec son public.
L’approche pluridisciplinaire de H. L. L. F. K. B. est particulièrement visible dans ses œuvres sur papier et ses livres d’artiste (notamment Muscles ou Shout Quietly [Crie doucement]), qui mêlent gravures, dessins et textes. Son visage, devenu synonyme de son œuvre, ainsi que ses poèmes et la police de caractères qu’elle développe à partir de son écriture manuscrite, fusionnent images et lettres afin de former une performance graphique totale qui allie science et art, beauté et laideur, et produit délibérément une mise en pages à la fois intime et troublante. L’ensemble traduit une réflexion sur les fondements physiques et existentiels de l’identité, ainsi que sur l’esprit de notre époque contemporaine.
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