Formée, entre autres, au Royal College of Art de Londres (1983-1986), Kathy Prendergast utilise des matériaux très divers pour son travail de sculpture – du bronze aux objets trouvés qu’elle recycle dans ses installations. Stack (1989) est une pile de chutes de vêtements provenant d’usines de travailleuses textiles, haute de 2 mètres 70, tandis que l’œuvre A Dream of Discipline (1989-2006) offre l’expérience austère d’un matelas brut posé sur un amas de pierres calcaires ; Land (1990) est une tente peinte telle une montagne, comme si tout sentiment d’appartenance devait être portable, que la maison pouvait être remontée n’importe où. Proche d’un imaginaire surréaliste, les gants de prière en laine, Prayer Gloves (1998), interrogent le confort ou les contraintes de la religion. Les bronzes récents altèrent les objets du quotidien tels que le paillasson : l’extraordinaire se trouve dans l’ordinaire. En 2006, elle reçoit une commande de l’English Touring Opera pour les décors de l’Orfeo de Monteverdi. K. Prendergast sonde constamment la représentation de la sexualité, de l’identité, du paysage ; ainsi, l’œuvre Body Maps (1983) dessine des géographies associées à l’anatomie du corps, en référence aux représentations traditionnelles de la femme liées au paysage en Irlande.

Elle critique, en outre, toute imposition d’une autorité ainsi que les systèmes officiels d’information. Sa réflexion se concentre notamment sur la cartographie et les enjeux géopolitiques qui y sont manifestes : l’exploitation des richesses, la colonisation ou la réappropriation, l’immigration et le déplacement. Par le dessin, la superposition, l’effacement, l’écriture, elle modifie les données et trouble tout repère topographique familier. Le sensible infuse dans le factuel ou le scientifique. La plasticienne adopte un processus laborieux, critique et créatif, inspiré, notamment, par les enlumineurs de manuscrits médiévaux. K. Prendergast représente l’Irlande à la Biennale de Venise en 1995.