Smith Elizabeth A. T., Lee Bontecou: a retrospective, cat. expo., UCLA Hammer Museum, Los Angeles ; Museum of Contemporary Art, Chicago ; Museum of Modern Art, New York (2003-2004), New York, Harry N. Abrams, 2003
Lee Bontecou, Museum of Contemporary Art, Chicago, 25 mars – 7 mai 1972
→Lee Bontecou: drawn worlds, The Menil Collection, Houston, 31 janvier – 11 mai 2014 ; Princeton University Art Museum, Princeton, 28 juin – 21 septembre 2014
→Lee Bontecou, Gemeentemuseum Den Haag, La Haye, 25 février 2017 – 2 juillet 2017
Sculptrice états-unienne.
Lee Bontecou connut dans les années 1960 un succès tant critique que commercial : trois expositions successives à la galerie Leo Castelli ; une participation à la Biennale de São Paolo (1961), à la galerie d’art Corcoran à Washington (1963) et à la documenta 3 de Cassel (1964) ; des articles dans Life et Newsweek. Néanmoins, elle s’éloigna du monde de l’art après les années 1970. Étudiante à l’Art Students League de New York entre 1952 et 1955, elle séjourne ensuite à Rome de 1956 à 1958. C’est alors qu’elle commence ses expérimentations autour des techniques du dessin à la suie, aménageant des zones circulaires de vide, qui deviendront plus tard un des éléments « centraux » de sa production « d’imagerie sexuelle et de symboles sadiques de destruction – « le plus marquant étant la bouche d’une arme », selon la critique Dore Ashton (Oral History Interview, 2009). Ses constructions monumentales vont, de la même manière, être creusées de trous et de vides circulaires ; des armatures soudées affleurent à la surface ; de la toile brute, salie à la suie, est ensuite attachée avec du fil de fer ; comme sur un corps, des orifices s’adjoignent au squelette et à la peau.
Ces œuvres témoignent de son intérêt pour des éléments aussi divers que les vaisseaux spatiaux, les univers engagés de Giacometti, de Joseph Cornell ou bien encore la bouche de la Jeanne d’Arc du cinéaste Carl Dreyer. Suggérant des rapprochements avec l’iconographie de la guerre froide, ses travaux sont aussi marqués par l’expérience de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle sa mère travaillait à l’usinage des sous-marins. Ses plus fameux reliefs, « ni peinture ni sculpture » – comme les a caractérisés l’artiste Donald Judd, qui les érigea en « objets spécifiques » – font alterner la saillie et la cavité, l’absorption et le rejet, autour d’un grand creux d’un noir d’encre, peint ou en velours. L’artiste utilise alors toutes sortes de détritus, des sacs postaux et des épaves de machines à laver, des matériaux provenant des surplus de l’armée, dans des œuvres qui évoquent à la fois le dur labeur d’une fabrication manuelle et le travail des machines, convoquant le corps et ses émotions, le plaisir, l’abandon et la peur. À partir des années 1970, L. Bontecou s’intéresse à des morphologies naturelles, produisant des structures légères et diaphanes de billes en porcelaine, suspendues comme des mobiles, telles des constellations.