Bernadac Marie-Laure & Storsve Jonas (dir.), Louise Bourgeois, cat. expo., Centre Pompidou, Paris (5 mars – 2 juin 2008), Paris, Éditions du Centre Pompidou, 2008
→Bernadac Marie-Laure & Obrist Hans Ulrich, Destruction du père, reconstruction du père : écrits et entretiens 1923-2000, Paris, D. Lelong, 2000
→Storr Robert & Schwartzman Allan, Louise Bourgeois, Londres / New York, Phaidon, 2015
Louise Bourgeois, The Museum of Modern Art, New York, 3 novembre – 8 février 1983
→Louise Bourgeois, Centre Pompidou, Paris, 5 mars – 2 juin 2008
→Louise Bourgeois. Structures of existence : The Cells, Haus der Kunst, Munich ; Garage Museum of Contemporary Art, Moscou ; musée Guggenheim, Bilbao ; Louisiana Museum of Modern Art, Humlebaek, 2015-2017
Sculptrice et plasticienne franco-états-unienne.
Issue de parents restaurateurs en tapisseries anciennes, Louise Bourgeois s’oriente, après une année de mathématiques à la Sorbonne, vers l’École des beaux-arts de Paris en 1933. Elle fréquente les académies et les ateliers parisiens des années 1930 (Ranson, Julian, Colarossi, la Grande Chaumière) et suit l’enseignement de Roger Bissière, de Marcel Gromaire, d’Othon Friesz, d’André Lhote et surtout de Fernand Léger qui lui conseille de devenir sculptrice. Elle compte aussi Cassandre et Paul Colin au nombre de ses professeurs. Le rejet dont elle fait l’objet de la part du groupe surréaliste, d’André Breton surtout, la marque profondément, tout autant, paradoxalement, que l’esthétique surréaliste avec laquelle son œuvre continuera de dialoguer. En 1938, après son mariage avec l’historien d’art américain Robert Goldwater, elle s’installe aux États-Unis. À New York, elle fréquente des surréalistes en exil, tels Miró ou Yves Tanguy ; elle se lie avec Nemesio Antúnez, Le Corbusier, Ruthven Todd, Marcel Duchamp. Elle continue à peindre, mais pratique aussi la gravure au burin, réalise de nombreux dessins à l’encre et commence à sculpter. Au début des années 1950, elle passe du bois au plâtre et au latex, mais aussi au marbre blanc ou noir, et élabore des formes évoquant des germinations ou des organes (Fée couturière, musée Guggenheim, New York, 1963).
Ce sont des explorations intimes de formes métamorphiques souvent abstraites, parfois exacerbées, comme en témoigne Fillette, phallus rosâtre en latex pendu à un crochet (Museum of Modern Art [MoMA], New York, 1968). Pendant les années 1970, elle fréquente les mouvements féministes, qui l’adoubent comme « foremother » (« ancêtre ») ; son travail, encore plus engagé, se ressent de ce compagnonnage (No March, Storm King Art Center, Mountainville, New York, 1972). Après ses Nature Studies des années 1980-1990, de nombreuses œuvres se nourrissent explicitement d’un matériel autobiographique, celui de l’adultère de son père avec la gouvernante, au sein même du milieu familial, qui fait figure de trauma originel. Le style tardif de l’artiste peut être caractérisé tant par une prolifération formelle brouillant la distinction entre installations et sculptures que par des références de plus en plus claires à cette enfance angoissante. La série Extrême tension (mine graphite et aquarelle sur papier, 2007), entrée dans les collections du Centre Pompidou à Paris, porte les traces de la perception parcellaire du corps et des émotions et souffrances qui s’y inscrivent.