Eelma Herald, Marju Mutsu, Tallinn, Major Trükiagentuur, 2009
→Liivak, Anu, Saarep, Sigrid (éds.), Ank’64 : Jüri Arrak, Kristiina Kaasik, Tõnis Laanemaa, Malle Leis, Marju Mutsu, Enno Ootsing, Tiiu Pallo-Vaik, Vello Tamm, Aili Vint, Tõnis Vint, Tallinn, Tallinna Kunstihoone, 1995
Exposition individuelle, Marju Mutsu, Tallinna Art Salon, Tallinn, 1978
→Exposition individuelle, Marju Mutsu, Art Museum of Estonia, Tallinn, 1981
→Marju Mutsu. A Moment Depicted in Etching, Kumu Art Museum, Tallinn, 2014
Graphiste estonienne.
Marju Mutsu est une graphiste importante des années 1970 qui pratiquait principalement la gravure. Elle étudie le graphisme à l’Académie estonienne des Arts (qui s’appelle alors Institut national d’art de la République socialiste soviétique d’Estonie ou ERKI, pour Eesti NSV Riiklik Kunstiinstituut) à Tallinn de 1962 à 1969. En parallèle de son activité artistique, elle collabore avec la revue Noorus, où elle publie des aphorismes et des articles sur le théâtre, le sport, le cinéma et le quotidien des jeunes. D’autre part, M. Mutsu écrit et illustre un livre pour enfants, Vappu ja valge hobune [Vappu et le cheval blanc, 1973]. Plusieurs motifs de son œuvre proviennent du monde du théâtre qu’elle aime profondément. M. Mutsu a d’ailleurs écrit une pièce intitulée Igavene võluriik [Le Royaume magique éternel], dont elle donne une lecture à la radio en 1967.
Bien que sa période créative n’ait duré que dix ans, M. Mutsu a considérablement enrichi le monde de l’art de la fin de la période soviétique avec ses œuvres surréalistes et allégoriques. Si ses compositions semblent spontanées, l’imagerie de M. Mutsu émerge d’une observation attentive des êtres humains, des rapports qui les unissent et de l’environnement qui les entoure mettant en avant la complexité et l’absurdité de l’existence. Elle représente souvent les femmes à différents âges, comme dans Koduhoidja [Femme de ménage, 1978] et Vanapiiga [Vieille fille, 1979]. Dans plusieurs de ses gravures, ludiques, emphatiques et ironiques, M. Mutsu met en avant l’expérience de la féminité : la femme en tant qu’être sensuel (Tuul, [Vent], 1972), la femme comme mère (Madonna lapsega [Madone à l’enfant], 1977), les femmes en tant que sujets confiants et joueurs, les femmes intimes avec d’autres femmes (Üks, [Un] ; Kaks, [Deux] ; Koos [Ensemble], 1972) et la femme en lien avec la nature (Mets II, [Forêt II], 1974).
M. Mutsu représente le corps de façon très particulière. La manière dont elle le déconstruit (Valikuvõimalus [Un autre choix], 1979) – n’en montrant souvent que certaines parties ou bien exprimant son dynamisme – est exceptionnelle dans le contexte de l’art estonien de la fin de l’ère soviétique. Les objets et les gens que M. Mutsu représente sont généralement placés dans un espace vide et semblent constamment en mouvement. Ses gravures s’apparentent à des collages où les différents objets, personnages et régimes de temps et d’espace sont rassemblés pour un bref instant avant de se dissoudre. Ses sujets sont rarement statiques : pour M. Mutsu, l’identité est quelque chose de dynamique. Ses œuvres donnent l’impression que l’artiste ne visualise qu’une fraction de seconde de la vie des êtres humains, qui ensuite se transforment, évoluent et disparaissent à nouveau (Puhang [Un coup], 1976).
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022