Ng Elaine W. & Martin Courtney J. (dir.), Rina Banerjee: forever foreign, cat. expo., Haunch of Venison, Londres (9 avril – 15 mai 2010), Londres, Haunch of Venison, 2010
→Giès Jacques & Arhuero Caroline (dir.), Rina Banerjee, cat. expo., Musée Guimet, Paris (25 mai – 26 septembre 2011), Paris, Musée Guimet/Editions Dilecta, 2011
→Martin Courtney J. & Vincent Cédric (dir.), Rina Banerjee, Paris, Dilecta/Galerie Nathalie Obadia, 2015
Rina Banerjee, Musée Guimet, Paris, 25 mai – 26 septembre 2011
→What am I made of and how do you know my name ?, Ota Fine Arts, Tokyo, 22 novembre 2013 – 31 janvier 2014
→Make Me a Summary of the World, Pennsylvana Academy of the Fine Arts, Philadelphie, 27 octobre 2018 – 31 mars 2019
Plasticienne indienne.
Rina Banerjee émigre très jeune avec sa famille à Londres, puis aux États-Unis, où elle obtient son diplôme en peinture et gravure à Yale en 1995. Marquée par cette oscillation entre deux cultures, son œuvre, à la lecture complexe, s’intéresse très tôt au thème de la migration au travers d’une réflexion sur la mémoire, l’expérience, la mobilité des communautés, le local et le global. Elle questionne globalement la notion d’identité et se penche aussi sur la féminité, la sororité. Membre de la diaspora, elle en évoque la nature délicate, dans une société qui se veut multiculturelle. Plus largement, elle aborde la problématique du rapport à l’autre – dans la progression du sida, par exemple – ou bien à l’étranger, qu’elle représente souvent sous forme d’insecte. Elle brouille les pistes lorsqu’il s’agit d’évoquer l’ethnicité ou exotisme supposé, comme en témoigne sa réflexion sur la symbolique des vêtements, à la fin des années 1990.
Ses œuvres sont toujours très conceptuelles, qu’il s’agisse d’installations, comme sa série sur le Taj Mahal, Take Me, Take Me, Take Me… to the Palace of Love (« Emmène-moi, emmène moi, emmène-moi… au palais de l’amour », 2003), ou bien d’œuvres sur papier, parfois « faites main », telles que Seasoned by hurricanes, sweet water and salty air this unearthly place made into home for “she” who bit twice the fruit of its displeasure (« Asséché par les ouragans, l’eau douce et l’air salé ce lieu surnaturel transformé en maison pour “elle” qui mordit deux fois le fruit de son mécontentement », 2007), où se mélangent encre, acrylique, aquarelle, voire perles de verre. Les titres, dont les fautes et les syntaxes longues lui permettent de jouer avec la langue et les sons, tout comme elle joue avec les postures, les couleurs, chaudes ou froides, les matériaux, organiques ou industriels, les effets de transparence et l’espace, en multipliant les motifs floraux et végétaux pour combler les vides.
Entre le sol et le ciel se créent des juxtapositions, des liens, des tensions, sans qu’aucun élément soit privilégié par rapport aux autres. À partir de figures énigmatiques ou universelles, comme celles du serpent ou de l’araignée, R. Banerjee ouvre un vaste champ de possibles et libère les objets de tout déterminisme ; inspirant fascination ou répulsion, ils deviennent, comme par magie, ce qu’ils ne sont pas a priori, dans des œuvres à la fois noires et séduisantes.