Peintre croate.
Sourde et muette de naissance, Slava Raškaj s’exprima par la peinture dès sa plus tendre enfance. À 8 ans, elle partit pour Vienne où elle fréquenta le Taubstummeninstitut. Elle s’y initia au dessin au crayon, à l’eau forte et apprit l’art de la vignette, un dessin décoratif très prisé dans les revues et les livres au début de la pré-Sécession viennoise. De retour à Ozalj, elle continua à dessiner, notamment des motifs floraux, et découvrit l’aquarelle, technique dans laquelle elle allait exceller. En 1895, S. Raškaj s’installa à Zagreb, où le directeur de l’Institut des sourds muets mit à sa disposition un atelier dans les locaux d’une ancienne morgue. Le peintre Bela Csikos Sesia lui enseignait le dessin et la peinture académique. Sous son influence autoritaire, elle peignait des natures mortes aux tons sombres, avec de rares détails clairs, alors qu’à Ozalj ses paysages regorgeaient de lumière.
En 1898, elle quitta B. Csikos Sesia, voyagea avec sa mère, se réinstalla dans la maison familiale à Ozalj et peignit en plein air. Dès lors, sa peinture prit un tournant plus personnel. En 1901, les premiers signes des troubles psychiques apparurent. Internée à l’asile psychiatrique de Stenjevac, près de Zagreb, S. Raškaj y mourut quatre ans plus tard. Aucune exposition individuelle de sa peinture ne fut organisée de son vivant, mais elle participa à plusieurs expositions collectives, dont celle de l’Association des artistes croates à Zagreb en 1898, à l’Exposition austro-hongroise de Saint-Pétersbourg et Moscou de 1900 et à l’Exposition universelle de Paris de 1901. La première rétrospective de son œuvre n’a été organisée qu’en 1957, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, par l’Institut des beaux-arts de l’Académie yougoslave de Zagreb. En 2008, la galerie Klovićevi Dvori de Zagreb lui rendit hommage. Les paysages de S. Raškaj sont considérés par la critique comme le sommet de l’aquarelle croate, notamment ceux peints vers 1900 dans un style onirique et impressionniste.