Kunstler Charles, Jane Poupelet, Paris, G. Crès, 1930
→Rivière Anne (dir.), Jane Poupelet : 1874-1932 : « la beauté dans la simplicité », cat. expo., La Piscine, Roubaix ; musée des beaux-arts, Bordeaux ; Musée Despiau-Wlérich, Mont-de-Marsan (2005 – 2006), Paris, Gallimard, 2005
Jane Poupelet : 1874-1932 : « la beauté dans la simplicité », La Piscine, Roubaix ; musée des beaux-arts, Bordeaux ; Musée Despiau-Wlérich, Mont-de-Marsan, 2005 – 2006
Sculptrice française.
Formée dans un milieu artistique encore très largement fermé aux femmes, Jane Poupelet suit des études pionnières aux Beaux-Arts de Bordeaux, effectue un rapide passage à la plus conservatrice académie Julian, puis affine son style auprès du sculpteur Lucien Schnegg. Elle commence sa carrière sous le pseudonyme masculin de Simon de la Vergne (1899-1901). À ses débuts, elle façonne des figures uniques de petite dimension qu’elle fait jeter dans le bronze mais qu’elle cisèle et patine elle-même – pratique peu commune aux sculpteurs de cette époque. Ses œuvres les plus connues aujourd’hui sont ses nus féminins. Dotés de formes sensuelles et pleines – elle s’est élevée contre les méfaits du corset –, ils affichent une anatomie simple mais juste et précise, et une grâce sévère, qui rappellent l’admiration de la sculptrice pour la statuaire antique vue à Naples et la voie recommandée par L. Schnegg réclamant le retour à l’axiome grec des « cadences architecturales » – le canon des proportions du corps humain inspiré de celles de l’architecture. On peut ainsi citer la Femme à sa toilette (1907-1910).
Ses sculptures animalières, qui séduisent notamment le public américain et lui constituent une rente, se démarquent aussi du genre spécialisé qu’est la représentation des animaux nobles. Elle montre au contraire des bêtes de ferme (Ânon, 1909) ou domestiques, dans des formes géométriques et légèrement schématiques. Ses nombreux dessins, réalisés dans une veine plus réaliste, honorent les mêmes sujets et montrent dans les années 1920 l’image de corps de femmes confrontés à la maternité et au vieillissement, ou croquent d’un trait vif les différentes postures de volailles en mouvement (Sept croquis de poules). La Première Guerre mondiale vient interrompre un œuvre déjà reconnu. À la fin de la Grande Guerre, elle rejoint la sculptrice américaine Anna Ladd (1878-1939) et modèle des masques pour rendre l’apparence d’un visage aux « gueules cassées » (blessés de guerre) du Val-de-Grâce. Elle en appelle aux techniques traditionnelles du portrait (moulage sur le vif, reconstitution du visage d’après photographies comme le fait parfois le sculpteur de portraits et tout particulièrement le sculpteur de portraits posthumes). Cette application médicale du modelé plastique accompagne les premiers balbutiements de la chirurgie dite « plastique ». L’après-guerre voit la sculptrice renouer avec ses petits bronzes, devenus allégoriques.