Horton Robin, Hubbard Sue, Play and display : steel masquerades from top to toe : sculpture by Sokari Douglas Camp, Londres, Museum of Mankind, 1995
→Sokari Douglas Camp : Primavera, cat. expo., October Gallery, Londres (7 avril – 14 mai 2016), Londres, October Gallery, 2016
Echoes of the Kalabari: Sculpture by Sokari Douglas Camp, National Museum of African Art, Smithsonian Institution, Washington, 11 novembre 1988 – 29 janvier 1989
→Sokari Douglas Camp, Imagined Steel, The Lowry Arts Centre, Manchester, 2002
Sculptrice nigériane.
Sokari Douglas Camp jouit d’une réputation internationale qui fait d’elle une des artistes incontournables de la diaspora nigériane. Son œuvre est présentée dans les collections du monde entier, notamment au Setagaya Art Museum, à Tokyo, au British Museum, à Londres, ou encore dans le premier musée d’art africain qui ait été fondé : le National Museum of African Art de la Smithsonian Institution, à Washington. Témoignant d’une volonté d’agir face à l’actualité politique, sa pratique sculpturale de l’acier a conduit l’artiste à s’emparer de l’espace public en y déployant ses statues de grandes dimensions. En hommage à ce travail, elle a reçu le titre honorifique de commandeuse de l’ordre de l’Empire britannique en 2005. Installée depuis de longues années au Royaume-Uni, l’artiste a fait des rues et des places publiques son terrain de jeu de prédilection pour développer son art, cela lui permettant d’établir un rapport direct avec les passant·e·s. En 2006, elle érige Battle Bus, un autobus grandeur nature, à la mémoire du militant et écrivain Ken Saro-Wiwa et de ses compagnons, assassinés par le gouvernement militaire dans le delta du Niger. Elle a pensé cette œuvre pour qu’elle rende toujours visible leur lutte et a inscrit sur les parois du bus en acier des mots du discours de l’activiste contre la pollution pétrolière. Des barils de pétrole forment le socle de certaines de ses sculptures ou bien encore des couronnes de fleurs sont matérialisées par des tuyaux de carburant. Si ces œuvres d’acier présentent un caractère à la fois léger et ironique, elles nous renvoient néanmoins à nos responsabilités individuelles quant aux préoccupations sociales et environnementales de la planète. Médium de protestation privilégié de l’artiste, l’acier ne cesse de faire entendre son ode à la résilience, face au drame écologique qui dissémine les populations.
En 2017, pour la cinquante-septième édition de la Biennale de Venise, S. Douglas Camp, en collaboration avec la compositrice Shirley J. Thompson, a réalisé une vidéo faisant revivre les sculptures de son mémorial de l’abolition de l’esclavage All the World Is Now Richer (2012), ranimées par la présence de danseuses dont la gestuelle révélait la dimension transgénérationnelle de cette quête des réparations liées à la traite esclavagiste. Son travail a largement contribué à la mise en valeur et à la reconnaissance de l’art africain-britannique ; en 2015-2016, elle a notamment participé à l’exposition No Colour Bar: Black British Art in Action 1960-1990 à la Guildhall Art Gallery, à Londres. Son œuvre est imprégnée à la fois de son héritage kalabari (de l’ouest du delta du Niger), en résonance avec les mascarades caribéennes, et des canons de l’art en Europe. L’October Gallery, à Londres, lui a consacré une exposition en 2016, autour de sa réflexion sur les modes de représentation de l’histoire de l’art occidentale. En écho à la notion de « l’Atlantique noir » de Paul Gilroy, l’artiste redessine, en recourant à l’acier, les contours de récits historiques et culturels issus des mouvements de l’espace atlantique, lieu de circulation, de création et de résistance reliant les communautés noires à travers le monde. S. Douglas Camp est, selon P. Gilroy, une icône artistique des formes de « contre-cultures hybrides constitutives de la modernité ».