Critique

Helena Almeida. Corpus

12.05.2016 |

Helena Almeida, Pintura habitada [Peinture habitée], 1975. Acrylique sur photographie, 42 x 47,5 cm, Coll.Banco Privado Português, S.A. – En liquidation, en dépôt à la Fundação de Serralves — Museu de Arte Contemporânea, Porto © Photo : Filipe Braga © Fundação de Serralves, Porto

« Mon œuvre est mon corps, mon corps est mon œuvre1. »

Helena Almeida. Corpus - AWARE Artistes femmes / women artists

Helena Almeida, Tela habitada [Toile habitée], 1976, photographie noir et blanc, 205 × 128 cm, édition de 3, Coll. Galeria Filomena Soares, Lisbonne, © Photo : Filipe Braga © Fundação de Serralves, Porto

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Helena Almeida, Seduzir [Séduire], 2001, photographie noir et blanc (4 éléments), 105 × 72 cm (chaque), coll. Helga de Alvear, Madrid/Cáceres © Photo : Filipe Braga © Fundação de Serralves, Porto

Le Jeu de paume présente jusqu’au 22 mai une rétrospective de l’artiste portugaise Helena Almeida. Née en 1934 à Lisbonne, elle n’est aujourd’hui encore que peu connue en France. Photographe, nous pourrions même dire auto-photographe, peintre mais aussi vidéaste et performeuse, Helena Almeida multiplie les supports et brouille leurs statuts.

Influencée par les expériences picturales de Lucio Fontana, sa pratique commence dans les années 1960 par l’appropriation de la toile, sa transformation en fenêtre, puis, en 1976, en vêtement avec l’œuvre Tela habitada [Toile habitée], pour aboutir à sa destruction.

L’exposition suit un fil chronologique qui permet de découvrir son passage à l’autoportrait photographique à la fin des années 1970. Elle explique que ces œuvres ont vu le jour grâce à son détachement de la peinture : « Je sentais qu’à côté d’autres j’étais libre. Que je m’étais libérée d’une certaine façon. J’avais avalé la peinture2. » Dans un mélange de champ-contrechamp et d’hors-champ, elle joue avec les matières et les repères spatiaux du spectateur.

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Helena Almeida, Estudos para a série “Seduzir” [Études pour la série “Séduire”], 2002, peinture et pastel sur papier (29 éléments), 30 x 21 cm (chaque), Coll. Helga de Alvear, Madrid/Cáceres

Refusant le qualificatif de féministe3, Helena Almeida questionne tout de même les limites du corps féminin dans la série Seduzir [Séduire] de 2002. À l’aide de croquis, présentés sous vitrine, au centre des salles d’exposition, elle chorégraphie ses gestes et postures avant de les photographier. Son corps se retrouve alors fragmenté, ce sont, tantôt ses mains, tantôt ses pieds qui habitent les grands formats en noir et blanc.

Une nouvelle fois, le Jeu de paume tient sa promesse d’une programmation artistique égalitaire, en mettant en lumière le cache-cache corporel auquel s’adonne Helena Almeida depuis près de 50 ans.

Au Jeu de paume, Paris (France), du 9 février au 22 mai 2016.

1
Propos d’Helena Almeida, cités par Peggy Phelan dans Helena Almeida. Corpus (catalogue d’exposition), Jeu de Paume, Paris ; Fondation Serralves, Porto ; WIELS, Bruxelles, 2016, p. 191-192

2
« Une conversation qui ne s’achève jamais. Helena Almeida s’entretient avec Marta Moreira de Almeida et João Ribas », dans Helena Almeida. Corpus (catalogue d’exposition), Jeu de Paume, Paris ; Fondation Serralves, Porto ; WIELS, Bruxelles, 2016, p. 131

3
Ibid.

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