Portrait de Sonia D’Alto par Alicja Khatchikian, Design par Lisa Sturacci studio, © AWARE : Archives of Women Artists, Research & Exhibitions
Dans le cadre du programme de résidence pour la recherche sur les artistes photographes et vidéastes femmes et non-binaires, AWARE accueillera la curatrice, chercheuse et écrivaine Sonia D’Alto à la Villa Vassilieff de janvier à avril 2024.
Au cours de cette résidence, S. D’Alto s’intéressera à la production cinématographique du collectif féministe napolitain Le Nemesiache, en explorant à la fois leurs films expérimentaux et leur rôle de pionnières dans l’organisation du Feminist Film Festival. Son étude se focalisera sur deux aspects fondamentaux fusionnés dans leur pratique : la création artistique et les revendications politiques. Dans les multiples formes de l’œuvre de Le Nemesiache, les lignées matrilinéaires et la spiritualité des femmes coexistent avec la politique féministe des biens communs, les mouvements de libération intersectionnels et les écologies artistiques. La restauration des liens affectifs avec la nature et la reconceptualisation de la culture au-delà de la division fictive du genre sont les hypothèses d’une philosophie et d’une praxis « némésiennes ». Dans leurs films historiques, des figures, telles que les sorcières, les prophétesses et les sirènes reviennent pour évoquer et restaurer la dimension collective de nos mémoires. De même, de nombreuses pratiques artistiques féministes contemporaines évoquent une réécriture cosmologique de la réalité, des mémoires spirituelles et des récits populaires au-delà des normes culturelles prédominantes. En privilégiant une approche intergénérationnelle et des formes de mémoires non-linéaires, une partie importante de la recherche sera consacrée aux archives féministes, personnelles et aux histoires orales. S. D’Alto retracera les relations du collectif Le Nemesiache à Paris et au-delà, dans le passé et dans le présent, en étudiant la manière dont la mémoire collective peut être transmise d’une génération à l’autre par le biais d’archives sensorielles.
Sonia D’Alto poursuit un doctorat basé sur la pratique à la HFBK de Hambourg. Elle a notamment collaboré avec des institutions artistiques et des collectifs, et participé à l’organisation de résidences d’artistes. Sa pratique curatoriale est fondée sur des méthodologies historiques et spéculatives expérimentant une imagination politique de l’avenir, comme le montre son travail « Confabulations and Insurgent Spiritualities » (titre provisoire), qui aborde les relations entre superstition et modernité, contes populaires et taxonomies du pouvoir à travers des gestes féministes, des pratiques contre-coloniales et des cosmologies subalternes. Elle est actuellement chargée de cours dans le cadre du programme de troisième cycle en études curatoriales de la KASK à Gand.
Julie Crenn est historienne de l’art, critique d’art (AICA) et commissaire d’exposition indépendante. Depuis 2018, elle est associée à la programmation du Transpalette – Centre d’art contemporain de Bourges. En 2005, elle obtient un Master de recherche en histoire et critique des arts à l’université Rennes 2, dont le mémoire est consacré à l’art de Frida Kahlo. Dans la continuité de ses recherches sur les pratiques féministes et décoloniales, elle reçoit le titre de docteure en Arts (histoire et théorie) à l’Université Michel de Montaigne, Bordeaux III. Sa thèse est une réflexion à partir de pratiques textiles contemporaines (de 1970 à nos jours). Depuis, elle mène une recherche intersectionnelle à propos des corps, des mémoires et des militances artistiques.
Clara Schulmann mène une activité d’écriture depuis plus d’une dizaine d’années. Elle enseigne la théorie en école d’art. Aux Beaux-arts de Paris, son séminaire Les Fileuses s’intéresse à la façon dont on raconte des histoires. Elle collabore régulièrement avec des artistes. Elle a publié en 2020 Zizanies (Paraguay Press), un récit à la première personne dans lequel ces collaborations tiennent une place particulière. Depuis janvier 2022 et en direct de la galerie Jocelyn Wolff à Romainville, elle anime avec Thomas Boutoux une émission de radio, En déplacement, une enquête au long cours sur les bifurcations – dans le monde de l’art mais pas seulement.
Valentine Umansky est commissaire et autrice. Elle collabore depuis plusieurs années auprès d’institutions dédiées aux arts visuels et est actuellement en poste à la Tate Modern de Londres. Aux Etats-Unis, elle a collaboré avec l’International Center of Photography, le MoMA à New York et le Contemporary Arts Center de Cincinnati. Avant cela, elle a travaillé aux Rencontres d’Arles et publié, en France, l’ouvrage Duane Michals, Storyteller chez Filigranes. Parmi ses projets curatoriaux les plus récents, on peut citer les installations de Belkis Ayón, Tourmaline, Cinthia Marcelle, Buhlebezwe Siwani, Dineo Seshee Bopape et Rosa Barba à la Tate, l’organisation du Villa Medici Film Festival 2023 à Rome, la curation de deux expositions personnelles parallèles de Pamela Phatsimo Sunstrum et de Saya Woolfalk, ainsi que de Confinement. Politics of Space and Bodies. Invitée en tant que co-commissaire du LagosPhoto Festival en 2018, elle a porté avec Iheanyi Onwuegbucha (CCA Lagos) un vaste projet dédié à l’art moderne et contemporain nigérian, Layers, exposé en France en 2020. Elle a par ailleurs traduit le recueil de poésie de Roger Caillois, Pierres (DittoDitto) et collaboré à la sortie française de L’Art du Féminisme (Chronicle Books).
Cette résidence a reçu le soutien de la Fondation Neuflize OBC.