Miller Sanda, Ana Maria Pacheco : dark night of the soul, Londres, Lund Humphries, 2001
→Szirtes George, Exercise of power : the art of Ana Maria Pacheco, Londres, Lund Humphries, 2001
→Jervis John (dir.), Ana Maria Pacheco in the National Gallery, cat. expo., National Gallery, Londres (29 septembre 1999 – 9 janvier 2000), Londres, National Gallery Publications, 1999
Dispersing the night. Ana maria Pacheco, Salisbury Cathedral, Salisbury, 23 avril – 28 juillet 2017
→Ana Maria Pacheco: New Painting and Sculpture, The National Gallery, Londres, 29 septembre 1999 – 9 janvier 2000
Sculptrice, peintre et graveuse brésilienne.
Après l’obtention de son diplôme de beaux-arts et de musique à l’université catholique locale, Ana Maria Pacheco y enseigne durant plusieurs années. Son œuvre, reconnue comme un condensé remarquable d’histoire, de mythe, de folklore, de « haute culture » et d’humour, s’invite à la Biennale de São Paulo de 1971 en tant qu’approche pertinente des questions identitaires déterminantes dans la production artistique brésilienne depuis les années 1920. En 1973, grâce à une bourse pour la Slade School of Fine Arts, elle échappe aux « années de plomb » de la dictature en vigueur. Sa plus grande influence vient d’Antonio Francisco Liboa, dit O Aleijadinho (1738-1814), figure de la statuaire religieuse du baroque brésilien, dont la technique (la taille du bois polychrome), la composition théâtrale (les groupes sculptés au service d’un récit) et l’usage d’éléments issus de cultures diverses (cheveux et dents naturalistes rappelant les masques rituels indigènes et africains) caractérisent la sculpture d’A. M. Pacheco. Les corps compacts et les visages expressifs des personnages peuplant ses gravures et ses peintures partagent le hiératisme et l’énorme force psychologique des groupes sculptés de l’Aleijadinho.
L’œuvre de cette artiste engagée et humaniste, dont les sujets sont universels, entretient des rapports complexes avec de multiples traditions littéraires. Ainsi, dans The Longest Journey (« Le voyage le plus long », 1994), dix personnages sur un bateau plus grand que nature sont le double imagé du poème « The Ship of Death » de D. H. Lawrence, d’un vers duquel le titre est repris. En 1997, en résidence à la National Gallery, l’artiste réalise Dark Night of the Soul (« Nuit obscure de l’âme »), une sculpture dialoguant avec une œuvre de la collection du musée : Le Martyre de saint Sébastien de Antonio et Piero del Pollaiolo (vers 1443-1496), qu’elle choisit pour sa ressemblance formelle avec une pièce de photojournalisme brésilien documentant l’exécution d’un bandit. Par cet écho, elle rend sensible l’universalité de la question des abus de pouvoir, tandis que l’emprunt du titre au célèbre poème mystique de saint Jean de la Croix met l’accent sur l’expérience intime de la victime au-delà des circonstances.