Anna Staritsky, Saint-Pétersbourg, Palace Editions, 2000
Anna Staritsky, Galerie Pierre Brullé, Paris, 6 juin – 12 juillet 2000
Peintre, sculptrice et graveuse belgo-française d’origine ukrainienne.
Anna Staritsky a vécu sa première enfance dans un milieu intellectuel et artistique, et fut notamment marquée par l’enseignement de Konstantin Youone et de Vladimir Favorski. En 1925, à 17 ans, elle quitte la Russie soviétique pour aller se faire soigner en France d’une maladie des jambes, dont elle souffrira toute sa vie. L’année suivante, elle entre à l’Académie des beaux-arts de Sofia, puis s’installe à Bruxelles en 1932, où, après avoir complété sa formation à l’Institut supérieur des arts décoratifs de La Cambre, elle travaille comme illustratrice de livres, de journaux et de publicité. En 1941, elle épouse le peintre belge, Guillaume Hooricks (dit Bill Orix), qui participe à la résistance au nazisme. Tous deux sont arrêtés par la Gestapo en 1942 – son mari est envoyé au camp de concentration de Mauthausen d’où il ne sortira qu’à la Libération ; elle passe près de quatre mois en prison. Dans les années 1930-1940, son style, résolument figuratif, est dominé par l’élégance et la finesse du trait. Elle illustre, entre autres, La Dame de pique de Pouchkine (1947), et trois volumes des Amours de Ronsard (1950).
Après avoir traversé une période d’abstraction informelle, elle réalise, dans les années 1960, une série impressionnante de croquis de nus féminins, exprimant son goût jamais démenti pour l’observation aiguë de la nature. En 1952, A. Staritsky s’installe définitivement à Paris et rompt avec la figuration. Dans ses peintures à l’huile comme dans ses gouaches, elle manifeste sa liberté et son parti pris dans le travail des pâtes, son sens de l’organisation des surfaces en profondeur et en éclairage. Elle fréquente les cercles littéraires et artistiques, en particulier dans le sillage de son ami Michel Seuphor. Elle collabore avec plusieurs poètes, notamment Michel Butor, dont elle mettra en forme un grand nombre de recueils. Ses collages de la série Les Mythologies du dimanche (1965) réintroduisent dans une base « abstraite-lyrique » tout un bestiaire et une démonologie venus des profondeurs du monde russien païen. Elle perfectionne la technique du collage, grave inlassablement sur zinc, cuivre, pierre, linoléum, introduit des objets de rebut dans ses tableaux, fait des dessins à la plume, sculpte le bois.