Nagle, Jill (dir.), Whores and other Feminists, Abingdon, New York, Routledge, 2010
→Sprinkle, Annie, Post-porn Modernist: my 25 as a Multimedia Whore, San Francisco, Cleis Press, 1998
Sous-titré X, le pornographie entre image et propos, galerie Art et Essai – université Rennes 2, Rennes, 16 mai – 22 juin 2022
→Sex in the City, Kunstalle Wien project space, Vienne, 5 – 27 septembre 2003
Cinéaste, actrice et performeuse états-unienne.
Sexologue, « écosexuelle », écrivaine, conférencière, éducatrice, prostituée, réalisatrice prisonnière et première star de films pornographiques à obtenir un doctorat, photographe professionnelle, auteure d’une œuvre exposée dans les prestigieux musées et galeries et faisant l’objet d’études universitaires : ainsi se présente Annie Sprinkle, qui a brouillé les frontières entre pornographie, culture sexuelle et art, brisant la censure et les tabous.
L’artiste travaille d’abord dans un salon de massage, où elle se définit comme prostituée, avant de rejoindre New York en 1973, et de jouer dans des film X (plus d’une centaine) ; dont, entre autres, Deep Inside Annie Sprinkle (1981), qui inverse les relations de pouvoir en se consacrant à l’orgasme féminin et en s’adressant directement à la caméra. De 1978 à 1980, elle voyage en Europe avec son compagnon Willem de Riddler et s’emballe pour les potentialités subversives de la pornographie versée dans le champ de l’art. Elle crée des pièces collectives dans son living-room, dont l’une est reprise en 1985, au sein de l’espace alternatif new-yorkais Franklin Furnace.
La lutte des féministes pour et contre la pornographie atteint alors son apogée, lorsque l’universitaire Richard Schechner l’invite à organiser un forme de cours d’éducation sexuelle, où la notion de travail sexuel, avec ses bilans, ses statistiques, et celle d’une expérience orientée vers la connaissance du plaisir transforment la conception traditionnelle de la toute-puissance du « regard » masculin. Elle s’engage dans un partenariat de quinze ans avec Linda Montano (née en 1942), suivi par des relations avec le transgenre Les Nichols et l’animation du Love Lab, avec sa compagne Elizabeth Stephens. Entre 1989 et 1995, le Post-Porn Modernist Show (écrit par Veronica Vera) énonce une vision politique et positive du sexe. A. Sprinkle invite notamment à la visite de son utérus avant de se livrer à un rituel de masturbation. L’artiste a joué un rôle majeur dans le mouvement des prostitué·e·s ainsi que dans les luttes contre l’homophobie et la transphobie. Passeuse entre le domaine pornographique et celui de l’art, elle a initié un nouveau statut de la représentation sexuelle et ouvert la sexualité à des « contre-plaisirs » féministes et queer.