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« Sa vie en scène » : autofictions d’artistes femmes
Les genres au féminin
30.03.2019 | Cassandre Langlois

« Toutes les œuvres depuis ces cinquante dernières années, tous les thèmes dont je m’inspire viennent de mon enfance » affirmait Louise Bourgeois (Louise Bourgeois. Album, New York, Ed. Peter Blum, 1994). En appréhendant notamment les traumatismes de l’enfance, les œuvres de l’artiste deviennent réceptacle d’une vie « réelle » et « fantasmée ».

Au cours des années 1970, un genre nouveau, mêlant la fiction à l’autobiographie, tente d’être défini. On parle d’autofiction, un concept que l’on doit à l’écrivain Serge Doubrovsky (1977). En littérature, l’autofiction permet à l’auteur ou autrice, qui est aussi narrateur ou narratrice et personnage, d’évoquer sa propre vie de façon romancée. Dans les arts plastiques, plusieurs artistes deviennent actrices et/ou metteuses en scène d’un récit liant fiction et réalité, en laissant demeurer le doute quant à la véracité des faits exprimés.

C’est le cas de Sophie Calle qui, dès 1978, élabore des récits factuels et s’intéresse à la question de l’intime. Elle affirme mettre en scène sa propre vie, à l’aide de textes et de photographies. Pour No Sex Last Night (1992), elle demande à son compagnon Greg Shephard de filmer leur relation. L’artiste élabore ainsi sa « mythologie individuelle », l’expression utilisée par Harald Szeemann afin de désigner une section de la 5e documenta de Cassel en 1972. Cette décennie est, en effet, marquée par de nombreux travaux dans lesquels les artistes explorent leur histoire personnelle ; Annette Messager utilise la première personne du singulier dans les titres de ses « albums-collections » des années 1970 : Mes clichés témoins (1971-1973), Mes jalousies (1972), ou ceux de pièces réalisées dans les années 1980 : Mes trophées (1987), Mes petites effigies (1988), Mes vœux (1989).

Cherchant à rendre compte du vécu de l’artiste, les photographies de Florence Paradeis sont habitées par les membres de son entourage faussement révélés dans leurs activités quotidiennes. Quant à Florence Chevallier, guidée par un questionnement existentialiste, elle scénographie son propre corps ; ses photographies le révèlent sous ses angles les plus secrets.

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