Rahadiningtyas, Anissa, « Arahmaiani: Nomadic Reparation Projects, Environmentalism, and Global Islam, » Post Notes on Art in a Global Context – MoMa (en ligne), 11 août 2021: https://post.moma.org/arahmaiani-nomadic-reparation-projects-environmentalism-and-global-islam/
→Jurriëns, Edwin, « Gendering the Environmental Artivism: Ekofeminisme and Unjuk Rasa of Arahmaiani’s Art, » Southeast of Now: Directions in Contemporary and Modern Art in Asia, vol. 4 n° 2, 2020, pp. 3-38. Project MUSE, https://dx.doi.org/10.1353/sen.2020.0006
→Dirgantoro, Wulan, « Arahmaiani: Challenging the Status Quo, » Afterall: A Journal of Art, Context and Enquiry, automne/hiver 2016, vol. 42, pp. 24-35
Burning Country, Tate Modern, Londres, 21 novembre 2024
→Shadow of the Past, Tyler Rollins Fine Art, New York, 15 septembre – 29 octobre 2016
→Handle Without Care I, Queensland Art Gallery, Brisbane, 22 septembre 1996 – 19 janvier 1997
Artiste multidisciplinaire indonésienne.
Née à Bandung, dans l’ouest de Java, en Indonésie, Arahmaiani Feisal jouit d’une reconnaissance internationale pour ses performances, ses installations, ses vidéos et ses peintures. Artiste extrêmement active, elle est aussi poétesse, essayiste, conférencière, enseignante et militante associative. Elle obtient un Bachelor of Fine Arts à l’Institut Teknologi Bandung en 1983, puis étudie à la Paddington Art School de Sydney, en Australie (1985-1986), et à l’Academie voor Beeldende Kunst d’Enschede, aux Pays-Bas (1991-1992).
Le travail d’Arahmaiani est focalisé sur l’éveil des consciences. À partir de ses premières actions artistiques publiques à la fin des années 1980, elle oriente ses sujets vers la démocratie, l’égalité, la libération des femmes, la liberté de culte et d’expression, ainsi que les moyens créatifs et collaboratifs de lutter contre la destruction des communautés et de l’environnement. Son installation Sacred Coke (1993-2014) préfigure certaines œuvres utilisant ce symbole ultime du libéralisme et du consumérisme états-uniens qui se propagent à travers le monde. Avec Nation for Sale (1996), l’artiste se livre à une danse sauvage, dégradante, vêtue en danseuse balinaise : maniant un pistolet en plastique, elle mêle des éléments traditionnels sacrés à des symboles de la violence capitaliste et de la culture populaire, afin de souligner la manière dont les spécificités locales se retrouvent distordues, appauvries et mercantilisées pour attirer le tourisme et des investissements de modernisation.
À partir de 2008 environ, Arahmaianai peint une série de diptyques monochromes de grand format, méditatifs, dans un registre plus biographique, mais à la portée toujours universelle. Le format du diptyque symbolise la rencontre de deux parties, comme dans la série Confluence (2010-2013). Confluence I (2013) présente une silhouette féminine, dans l’ombre, à l’endroit où s’unissent deux rivières – il s’agit d’une déclaration qui fonctionne à des niveaux personnel, politique, universel et spirituel. Depuis les années 2000, les thèmes liés à la spiritualité et à l’environnement se mêlent dans son travail, qu’elle réalise sur un mode d’expression plus silencieux, mais avec des messages toujours aussi intenses. Shadow of the Past (2016) en est un bon exemple.
Grâce à ses voyages et à son travail avec des groupes souvent en conflit les uns avec les autres, Arahmaiani établit des relations durables avec des communautés religieuses et séculières en Indonésie, au Tibet, en Chine et ailleurs, dépassant les barrières linguistiques et politiques. Dans ses performances interactives, Arahmaiani fait advenir des mots chez son public. Dans Breaking Words (depuis 2004), elle écrit sur des assiettes, à l’aide d’un marqueur, les termes péjoratifs qui lui sont proposés, puis elle projette chaque assiette contre un mur. Dans Flag Project (depuis 2010), les participant·es choisissent un mot symbolisant leur vœu pour le monde. Le groupe défile ensuite en portant de grands drapeaux colorés sur lesquels est imprimé ce mot, et manifeste ainsi son processus de réflexion collectif.
Arahmaiani collabore pour des œuvres spécifiques avec des personnes travaillant dans la musique, dans l’agriculture, dans la recherche et dans le monde intellectuel. Dans Temple of Love (2024), créé avec Milosh Luczynski (né en 1973) et le collectif Wayang Merdeka, la Galerie nationale de Singapour est illuminée et un conte populaire sur la destruction insensée et la guérison est projeté sur sa façade. Arahmaiani fait preuve d’une concentration et d’un engagement complets de chaque instant pour délivrer ses messages. Des segments incarnés, multisensoriels, alternent avec des interludes verbaux. Son art est immédiatement accessible, mais il présente de nombreuses strates de signification et invite ainsi à une réflexion et à une transformation durables.
Arahmaiani expose ses œuvres à l’échelle internationale, dans des lieux de premier plan, comme la Tate Modern (2024). Elle participe à des biennales partout dans le monde, notamment à Jakarta (1993, 2015, 2003), à São Paulo (2002), Venise (2003), Genève (2003), Yinchuan (2018), Macau (2020), Istanbul (2022) et Busan (2023), et est souvent invitée à prendre la parole dans des forums internationaux sur la paix, sur la spiritualité ainsi que sur les problèmes environnementaux et communautaires.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025