Kim, Elaine H, « “Bad Women”: Asian American Visual Artists Hanh Thi Pham, Hung Liu, and Yong Soon Min », Feminist Studies 22, no. 3 (1996), pp. 573–602
→Kuroda, Raiji (dir.), Asian Art Today: Fukuoka Annual X. Hanh Thi Pham: A Vietnamese, her Body in Revolt, exh. cat., Fukuoka Art Museum, Fukuoka, (4 février –30 mars 1997) Fukuoka, Fukuoka Asian Art Museum, 1997
→Machida, Margo, Unsettled Visions: Contemporary Asian American Artists and the Social Imaginary, Durham/London, Duke University Press, 2009
Asian Art Today: Fukuoka Annual X. Hanh Thi Pham, Vietnam X America: Her Body in Revolt, Fukuoka Art Museum, Fukuoka, 4 février – 30 mars 1997
→Asia/America: Identities in Contemporary Asian American Art, The Asia Society Galleries, New York City, 16 février – 26 juin 1994 ; Tacoma Art Museum, Tacoma 1 octobre – 27 novembre 1994 ; Walker Art Center, Minneapolis, 26 février – 21 mai 1995 ; Honolulu Academy of Fine Arts, Honolulu, 2 août – 3 septembre 1995 ; Center for the Arts at Yerba Buena Gardens, San Francisco, 1 octobre – 10 décembre 1995 ; MIT List Visual Arts Center, Cambridge (Massachusetts), 13 janvier – 28 juillet 1996
→A Different War: Vietnam in Art, Whatcom Museum of History and Art, Bellingham, 19 août – 12 novembre 1989 ; De Cordova Museum and Sculpture Park, Lincoln, 17 février – 15 avril 1990 ; Mary and Leigh Block Gallery Northwestern University, Evanston, 9 mai – 24 juin 1990 ; Akron Art Museum, Akron, 8 septembre – 4 novembre 1990 ; Madison Art Center, Madison, 1 décembre 1990 – 27 janvier 1991 ; Wight Art Gallery, UCLA, Los Angeles, 24 mars – 19 mai 1991 ; Museum of Art Washington State University, Pullmann, 13 janvier – 23 février 1992
Plasticienne vietnamo-états-unienne.
Hanh Thi Pham quitte le Vietnam en 1975, durant la dernière année de la deuxième guerre d’Indochine, aussi connue sous le nom de guerre du Vietnam. Sa famille s’installe dans le comté d’Orange, en Californie, qui accueille la plus grande communauté diasporique vietnamienne des États-Unis. H. T. Pham trouve du travail dans la photographie commerciale, ce qui la conduit à obtenir un Master of Fine Arts de la California State University, à Fullerton, en 1986. Elle développe ensuite une pratique artistique activiste mêlant le récit théâtral, la performance et la photographie. Fortement façonnée par les souvenirs traumatiques de la guerre au Vietnam, par le récit américano-centré de ce conflit et par sa subjectivité d’immigrante et de lesbienne, H. T. Pham voit son art comme un puissant moyen de réponse aux stéréotypes raciaux et genrés envers les personnes vietnamiennes dans les représentations américaines de la guerre, ainsi qu’au conservatisme patriarcal régnant dans la communauté réfugiée vietnamienne de Californie. L’artiste recherche la confrontation dans son usage du langage et de l’iconographie, utilisant souvent pour ce faire sa propre image. Son œuvre aborde et revendique la complexité de l’identité de l’artiste, s’opposant aux cultures du silence et de la marginalisation.
Dans les années 1980, H. T. Pham traite des conséquences sociales et psychologiques bouleversantes de l’expérience de l’exil. Elle utilise des photographies à expositions multiples pour se mettre en scène au sein de tableaux allégoriques représentant la perte, la confusion et le déplacement, comme dans Post-Obit / Series 1 (1983). Par la suite, elle crée Along the Street of Knives (1985) avec Richard Turner (né en 1943), sculpteur états-unien vivant en Californie. Dans cette série de huit photographies en couleurs de grand format, les artistes – ayant vécu au Vietnam durant leur jeunesse – jouent des scènes semi-autobiographiques où iels incarnent les protagonistes, les antagonismes et les malentendus politico-culturels qui caractérisent les relations entre le Vietnam et les États-Unis. Pour H. T. Pham, la forme du récit photographique permet de représenter la multiplicité des perspectives et des points de vue. Elle espère ainsi encourager le dialogue et la communication, dans une atmosphère où, des deux côtés du conflit vietnamo-américain, les communautés étouffent les contestations pour hâter une résolution performative.
H. T. Pham joue souvent avec les images stéréotypées de la féminité vietnamienne (portant le áo dài traditionnel) ou de la résistance (la guérillera communiste) pour en concevoir un commentaire critique et provocant. Dans plusieurs de ses séries des années 1990, elle subvertit l’iconographie symbolique et utilise le langage de manière plus marquée pour affirmer son autonomisation en tant que sujet déplacé queer et pour aborder des problèmes plus généraux liés au patriarcat, à la « race » et à la sexualité. Elle reconfigure le portrait familial traditionnel dans sa série de photomontages Reframing the Family (1990-1991), dont un portrait revisité de sa propre famille duquel sa mère avait été exclue, ainsi que d’autres images embrassant l’intimité et les relations familiales queer. Dans Misbegotten No More, de la série Expatriate Consciousness [Khong la nguoi o, 1991-1992], l’artiste, torse nu, fait un geste injurieux envers un panneau de texte vertical sur lequel on peut lire, de bas en haut, « Không là người ở » – ce que l’on peut traduire, de manière connotée, par « Pas votre servante ». Ses bras repliés sont placés juste devant une image retournée et barrée de Buffalo Bill Cody, un symbole historique de la violence de l’expansionnisme américain vers l’ouest. Déclaration particulièrement puissante sur la souveraineté sexuelle et l’autonomie, l’installation multimédia Lesbian Precepts (1992-1994) réinvente les symbolismes traditionnels chrétien et bouddhiste. Cette œuvre place en son centre le corps nu de l’artiste comme figure de l’identité transsexuelle et comme lieu de connaissance et d’acceptation.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
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