Taye Tadesse, Short Biographies of Some Ethiopian Artists. Part one (1869-1957) & two (1959-1984), Addis-Abeba, Kuraz Publishing Agency, seconde édition, 1991, 250 p.
→Biasio, Elisabeth, “The burden of women: women artists in Ethiopia”, in Marcus, Harold G. (dir.), New trends in Ethiopian studies: papers of the 12th International Conference of Ethiopian Studies, Michigan State University, 5–10 September 1994, Lawrenceville, Red Sea Press, 1994, pp. 304-334
→Elizabeth Wolde Giorgis, Modernist art in Ethiopia, Athens, Ohio University Press, 2019, 339 p.
Exposition personnelle rétrospective, Modern Art Museum Gebre Kristos Desta Center (Goethe-Institute), Addis-Abeba, Éthiopie, octobre 2025
→Return to the Roots: The Art of Desta Hagos ‘74, William Rolland Gallery of Fine Art, California Lutheran University, Thousand Oaks, États-Unis, 11-21 décembre 2015
→Exposition personnelle, Ras Hotel, Addis-Abeba, Éthiopie, 1969
Peintre éthiopienne.
Desta Hagos est née en 1952 à Adoua (Tigray), dans le nord de l’Éthiopie. Elle situe son éveil artistique dans l’enfance : alors qu’elle passe ses journées à cueillir des fleurs, son père, comme elle amateur de botanique, l’encourage à les dessiner plutôt qu’à les couper. Il lui offre à cet effet une boîte de crayons, un geste que D. Hagos considère comme le point de départ de sa vocation. Selon ses termes, elle aspire à devenir une artiste qui n’exprime pas seulement des idées, mais traduit également les émotions et les humeurs de sa vie quotidienne éthiopienne.
Scolarisée à l’école de l’Impératrice Menen à Addis-Abeba dans les années 1950, elle fait partie de la première génération de femmes à intégrer l’École des beaux-arts. Fondée par le peintre éthiopien Allefelege Selam (1924-2016) sous le patronage de l’empereur Haylé Selassié Ier (r. 1930-1974), l’établissement avait admis l’artiste Katsala Atenafu (dates inconnues) dès sa création en 1957. En 1964, D. Hagos rejoint le cursus aux côtés de Menen Mengesha (dates inconnues) et Almaz Amenisa (dates inconnues). De cette génération, pourtant, D. Hagos sera la seule à poursuivre une carrière artistique.
À l’École des beaux-arts, elle se forme à la peinture auprès de Gebre Kristos Desta (1932-1981) et bénéficie des conseils d’Alexander Boghossian dit « Skunder » (1937-2003), ainsi que du graveur allemand Hansen Bahia (1915-1978). Elle fréquente aussi le Creative Arts Center, porte d’entrée vers un milieu littéraire éthiopien alors en pleine effervescence en ces années 1960 : elle joue même un rôle dans la pièce Dandiew Chabude (date inconnue), du poète et dramaturge Mengistu Lemma (1924-1988), adaptée de L’ours (1888) d’Anton Tchekhov. Son affinité avec le théâtre transparaît dans La Scène (1969), peinture qu’elle réalise pour son diplôme de fin d’études qu’elle obtient avec succès, en 1969 : figurant une scène de théâtre sur laquelle des acteurs et actrices se produisent devant un public, l’œuvre est présentée la même année lors de sa première exposition individuelle au Ras Hôtel, à Addis-Abeba, inaugurée par l’impératrice Hirut Desta.
De 1971 à 1973, D. Hagos séjourne aux États-Unis, à Thousand Oaks, où elle obtient un Bachelor en arts à la California Lutheran University. De retour à Addis-Abeba, sa famille est déchirée par la révolution politique qui mène au renversement de Haylé Selassié, en 1974 : son mari, menacé d’exécution, s’enfuit au Kenya, et D. Hagos, restée en Éthiopie, élève seule sa fille Feben tout en continuant de peindre et d’exposer. Elle poursuit ses activités artistiques tout en travaillant, d’abord à l’Office éthiopien du tourisme, puis plus tard au Bureau éthiopien de commerce touristique, qu’elle quitte en 2002 pour prendre sa retraite. Elle vit toujours à Addis-Abeba.
D. Hagos a participé à plus d’une cinquantaine d’expositions d’envergures nationale et internationale, notamment aux États-Unis, en Espagne et au Danemark. Ses œuvres ont notamment été acquises par le Musée national d’Éthiopie et l’Alliance éthio-française à Addis-Abeba. Elle figure parmi les rares artistes femmes à s’être fait un nom dans un milieu artistique éthiopien essentiellement masculin. Si D. Hagos reprend, selon sa propre admission, le langage plastique de son professeur Gebre Kristos Desta – notamment un usage expressionniste des formes et des couleurs –, elle a développé tout au long de sa carrière un espace pictural singulier, dans lequel se déploie son projet de jeunesse : celui de refléter les sentiments et les humeurs d’une vie quotidienne éthiopienne, un monde intime peuplée d’images de femmes, de paysages et de fleurs.
Une notice réalisée dans le cadre du projet Tracer une décennie : artistes femmes des années 1960 en Afrique, en collaboration avec la Njabala Foundation
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025