Charles Pennequin, Trou type (étude de caractères), Friville-Escarbotin, Friville, 2010
→Encrevé Lucile, Dominique De Beir, cat. expo., domaine de Kerguéhennec, Bignan, 18 mars – 3 juin 2012, Bignan, domaine de Kerguéhennec, 2012
→Le Lannou Jean-Michel (dir.), Dominique de Beir, Paris, Hermann, 2016
Dominique De Beir. Les cyclopédies, Amiens, FRAC Picardie, 5 avril – 22 mai 1996
→Dominique De Beir. Les outils de ma passion, Cantieri de la Zisa, Centre culturel français de Palerme et de Sicile, 5-19 mai 2005
→Le papier à l’œuvre, salle de la chapelle, Musée du Louvre, 9 juin – 5 septembre 2011
Peintre française.
Une action définit le travail accompli par Dominique De Beir depuis le milieu des années 1990, après sa sortie de l’École nationale des beaux-arts : trouer – comme l’indique Trou type, le titre du livre que l’artiste a réalisé et publié en 2010 au sein de sa maison d’édition, Friville, cofondée la même année. Elle est produite avec des outils que Dominique De Beir a régulièrement présentés, créés en collaboration avec des artisans (tels ceux qu’elle a nommés Outils de ma passion) ou récoltés (souvent lors de ses résidences et voyages, et liés à des savoir-faire, ainsi ceux du textile et de la terre, familiaux). L’attaque, qui peut être violente, a lieu à l’horizontale, en privilégiant le dos de supports déclassés, par leur nature (des emballages, en papier ou en polystyrène), leur contenu (issu de journaux sportifs ou de magazines de télévision) ou leur désuétude (des albums de timbres, des feuilles de comptabilité). Elle produit sur la face un dessin, abstrait – taches ou griffures. Elle est pensée dans des champs qui se déploient : la série, le livre, visible dès la première exposition importante de l’artiste en 1996 au FRAC Picardie d’Amiens, ou des structures proches de l’architecture, ses environnements conçus depuis les années 2000 (ainsi Illuminazione, à la maison de la culture d’Amiens en 2005), ou de l’objet (rideau, paravent, métier à tisser et cartons Jacquard – le textile, toujours, présent au centre d’art de Kerguéhennec en 2012, comme à la galerie Jean Fournier, à Paris, en 2016).
Une expérience textile a constitué pour l’œuvre entier un point de départ : l’apprentissage en 1997 de la technique du batik (en réserve, avec de la cire) au Sénégal, où elle a été invitée par le Centre culturel français. Cette initiation a suivi sa tentative d’étudier le braille en 1995, aux côtés de son père qui venait de perdre la vue. Ces mêmes années, certaines rencontres ont compté : Pierre Buraglio, alors professeur aux Beaux-Arts, lui présente Pierrette Bloch, dont le travail minimal la frappe – supports papier, geste itératif, liens avec l’écriture. Comme eux, elle se pense peintre, pour son rapport aux effets du plan. À la manière d’une peinture, en effet, les surfaces de Dominique De Beir ont toujours fait face aux spectateurs, espaces d’échanges, peau ou œil, qui appellent, sans l’autoriser, le toucher. Ce rapport à la peinture, qui se construit dans son dialogue avec d’autres œuvres telles celles, produites à l’aveugle, de Simon Hantaï, se lit plus fortement dans les travaux récents exposés à la galerie Fournier – où la couleur tient une place importante (non plus à l’arrière mais à l’avant du plan). À leur délicatesse première (l’effet dentelle des trous percés devenus constellation et lumière), associée aux matériaux de récupération qui les mettent en tension, est venu s’ajouter aujourd’hui, écho d’un contexte peut-être, un trouble plus lisible, assumé par l’artiste qui déclare n’être « pas quelqu’un de la netteté » (conversation à l’atelier avec l’auteure, 2017) – aspect grumeleux des surfaces chauffées et déséquilibre des assemblages, convoquant les productions littéraires, marquées par le doute et la chute, de Samuel Beckett et de Kōbō Abe.
© 2018, Archives of Women Artists, Research and Exhibitions