Jarecka Dorota, Piwowarska Barbara, Erna Rosenstein: I Can Repeat Only Unconsciously, Varsovie, Fundacja Galerii Foksal, 2014
→Erna Rosenstein, Spoza granic mowy [Au-delà des limites de la parole], Warsaw, Czytelnik, 1976
→Erna Rosenstein, édité par Józef Chrobak, Kraków, Stowarzyszenie Artystyczne Grupa Krakowska, 1992
Surrealism Beyond Borders, The Metropolitan Museum of Art, New York, 11 octobre 2021 – 30 janvier 2022 ; Tate Modern, Londres, 24 février – 29 août 2022
→Unorthodox, The Jewish Museum, New York, 6 novembre 2015 – 27 mars 2016
→Erna Rosenstein: I Can Repeat Only Unconsciously, Fundacja Galerii Foksal, Varsovie, 13 mai – 2 juillet 2011
→Erna Rosenstein: Organizm, Art Stations Foundation, Poznań, 18 mai – 1er septembre 2013
Plasticienne et poète surréaliste polonaise.
Erna Rosenstein est l’une des personnalités clés de l’avant-garde polonaise. Sur plusieurs décennies, elle développe son propre langage autonome afin de retranscrire son traumatisme d’après-guerre et ses expériences en marge de l’Holocauste. Elle reconfigure également le principe de l’oikos en convertissant l’espace de la vie privée en un atelier intime et en une installation évolutive. À partir des années 1950, elle incorpore à cette installation des déchets et débris et transforme objets du quotidien et meubles en œuvres d’art, comme autant de réceptacles du souvenir. Son œuvre très variée est faite de peintures, de dessins, d’assemblages, de bijoux, de livres d’artiste et de sept volumes de poésie, parmi lesquels Ślad (Trace, 1972). E. Rosenstein remet en question le matérialisme et le statut des choses dans la réalité de l’après-guerre. Cet aspect est particulièrement visible dans ses titres, poétiques et très précis, qui subvertissent le statut des noms.
Née dans une famille juive de Lviv, E. Rosenstein passe son enfance puis sa jeunesse à Cracovie et à Vienne, avant de s’installer à l’âge adulte à Varsovie. Dans les années 1930, elle s’implique dans le mouvement communiste et se rapproche du premier groupe de Cracovie (Grupa Krakowska). Lors de ses études à la Wiener Frauenakademie (1932-1934), elle collabore avec le Syndicat des travailleurs de Vienne. Elle étudie la peinture à l’Académie des beaux-arts de Cracovie de 1934 à 1937, avec ses ami·e·s Jadwiga Maziarska (1913-2003) et Tadeusz Kantor (1915-1990), et y cofonde l’association des étudiants communistes. Elle séjourne en 1937-1938 à Paris, où elle visite l’Exposition internationale du surréalisme, qui la marquera profondément, de même que l’exposition Entartete Kunst [Art dégénéré] qu’elle voit à Berlin sur le chemin du retour. Elle présente ses œuvres pour la première fois à la Dom Plastyków (Maison des plasticiens) à Cracovie en 1939. La même année, elle est jugée pour sa participation à une manifestation du 1er mai illégale. Au début de la guerre, elle repart pour Lviv. Lorsque les Allemands occupent la ville, elle est emprisonnée dans le ghetto, dont elle réussit à s’enfuir en 1942. Elle assiste alors à l’assassinat de ses parents, auquel elle fera référence dans ses tableaux et dessins jusque dans les années 1990. Elle parvient à rester en vie en empruntant divers pseudonymes. En 1947-1948, elle se rend en Suisse et à Paris, où elle voit d’autres expositions surréalistes, notamment à la galerie Maeght. Elle figure en 1948 à la première exposition d’art moderne polonais (I Wystawa Sztuki Nowoczesnej) au Pałac Sztuki (palais des Arts) de Cracovie. L’année suivante, à Paris elle rencontre le critique littéraire et écrivain Artur Sandauer, avec lequel elle s’installe définitivement à Varsovie. Elle n’expose plus durant la période du réalisme socialiste, puis, en 1955, participe à Wystawa Dziewięciu Malarzy [L’Exposition de neuf peintres] à la Dom Plastyków, l’une des premières manifestations de la période du « dégel » qui suit la mort de Staline. En 1957, elle fonde avec T. Kantor, J. Maziarska et Jonasz Stern (1904-1988), entre autres, le second groupe de Cracovie, et présente régulièrement son travail en Pologne et à l’étranger.
L’œuvre d’E. Rosenstein est mise à l’honneur lors d’une rétrospective organisée par T. Kantor à la galerie nationale d’art Zachęta à Varsovie en 1967. L’artiste participe également aux performances de T. Kantor Cricotage (1965) et Happening panoramique de la mer (1967). Son œuvre est reconnue internationalement après la publication de la monographie Erna Rosenstein: I Can Repeat Only Unconsciously en 2014 à l’issue de trois expositions individuelles, notamment en 2011 à la Foksal Gallery Foundation et dans l’Atelier d’Edward Krasiński (Avant-Garde Institute) à Varsovie. Plus récemment, ses œuvres ont été présentées lors de l’exposition Unorthodox au Jewish Museum de New York en 2015-2016 ainsi qu’à la documenta 14 à Athènes et à Cassel en 2017.
Publication réalisée en partenariat avec l’Institut Polonais de Paris.
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