Esther Boix. Miralls i miratges, Gérone, Fundació Fita, 2006
→Carandell, José María, Esther Boix, Madrid, Dirección General del Patrimonio Artístico y Cultural, 1975
→Muñoz de Imbert, Silvia, Esther Boix, Real Academia de la Historia
Esther Boix. Miralls i miratges, Fundació Fita, Casa de la Cultura y Museu d’Art de Girona, Gérone, décembre 2006 – janvier 2007
→Esther Boix, Fontana d’Or, Gérone, décembre 1994 – janvier 1995
→Esther Boix, Escuela de Nobles y Bellas Artes de San Eloy, Salamanque, avril 1968
Peintre et pédagogue espagnole.
Esther Boix étudie à l’école d’arts et métiers de la Llotja (1943) et à l’école supérieure des beaux-arts de Barcelone (1945-1951). En 1954, une bourse de l’institut français de Barcelone lui permet d’étudier à Paris ; elle entreprend ensuite un voyage d’étude dans plusieurs pays d’Europe. Ces expériences lui permettent de développer un style personnel. En 1955, elle présente ses premières expositions personnelles à la galerie Argos, à Barcelone, et à la galerie Biosca, à Madrid, et participe à la IIIe Biennale hispano-américaine d’art qui a lieu à Barcelone la même année.
E. Boix participe au groupe Postectura (1950) qui, malgré sa courte existence, présente ses œuvres aux galeries Layetanas de Barcelone ; la critique la distingue alors comme l’une des figures les plus remarquables du collectif. Elle est également membre, avec un langage rénové, du groupe Indika (1952), ainsi que du groupe Estampa Popular, dont elle est la promotrice à Barcelone en 1965, et qui l’incite à utiliser des techniques comme la gravure et le dessin. María Girona i Benet (1923-2015) et E. Boix sont les seules femmes parmi les fondateurs d’Estampa Popular Catalana, auxquelles elles apportent des contributions essentielles. C’est en effet E. Boix qui, en compagnie de Carlos Mensa Corchete (1936-1982), prend en charge la gestion de ces associations avant d’en céder la tâche à des artistes plus jeunes en 1969. La peintre poursuit parallèlement un important travail pédagogique. En 1967, elle fonde avec Ricard Creus l’école des techniques de l’expression L’Arc, à Barcelone, afin de développer la créativité des enfants et des adolescents dans tous ses aspects – initiative pionnière dans son contexte et en son temps.
Après une période de formation marquée par le classicisme noucentiste et l’expressionnisme, E. Boix se consacre à l’étude des intérieurs et de la figure humaine. Un intérêt pour les paysages urbains apparaît par la suite dans son œuvre, après son voyage en Europe. De la fin des années 1950 au milieu des années 1960, elle travaille simultanément à des paysages urbains, à des paysages naturels et à des thèmes liés à la critique sociale. Dans ce dernier domaine, l’engagement social dont témoigne son œuvre, comme celui d’autres créatrices comme Ana Peters (1932-2012) ou Ángela García Codoñer (1944-), se distingue par un intérêt particulier pour la condition des femmes.
La gravure Dona que frega i els fills tancats [Femme qui frotte et les enfants enfermés, 1965] mobilise ainsi un langage de traits épais, abrupts, marqué par de forts contrastes de blanc et de noir, caractéristiques du réalisme expressionniste de nombreux artistes d’Estampa Popular. La partie supérieure montre ce qui semble être l’intérieur d’une prison pour femmes tandis que, dans la partie inférieure, une femme frotte le sol, à genoux. L’œuvre semble ainsi pouvoir être interprétée comme une dénonciation de l’oppression des ouvrières sous le franquisme. Deux femmes présentent par ailleurs une certaine symétrie ; mais, tandis que la première semble ployer sous le poids de la charge qu’elle supporte, les mains de la seconde paraissent fortes et robustes.
Dès les années 1970, toujours animée par une vive conscience sociale et politique, E. Boix se concentre sur des questions en rapport avec la nature et l’écologie. À partir de 1978, elle revient à la peinture de paysage et confère à ses œuvres une tonalité optimiste, représentative des changements politiques que connaît l’Espagne à cette époque.
E. Boix a publié plusieurs livres à titre personnel, dont la série Del arte moderno [De l’art moderne], composée de La revolución del arte moderno. Del Impresionismo al Expresionismo [La Révolution de l’art moderne. De l’impressionnisme à l’expressionnisme, 1987], La razón y el sueño. Del Cubismo al Surrealismo [La Raison et le Rêve. Du cubisme au surréalisme, 1989] et Europa y Norteamérica. De los totalitarismos políticos a las artes conceptuales [Europe et Amérique du Nord. Des totalitarismes politiques aux arts conceptuels, 1991].
En 2000, E. Boix et son mari Ricard Creus sont nommés citoyens d’honneur de la municipalité de Les Preses, dans la province de Gérone. Plusieurs expositions ont été consacrées à son œuvre, dont des rétrospectives organisées en 1994 à la Fontana d’Or de Gérone et en 2007 à la fondation Fita, maison de la culture et musée d’art de Gérone (Esther Boix. Espejos y espejismos).
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring