Marianne Delafond, Marie-Caroline Sainsaulieu, Les femmes impressionnistes : Mary Cassatt, Eva Gonzalès, Berthe Morisot, Paris, Bibliothèque des arts, 1993
→Marie-Caroline Sainsaulieu, Jacques de Mons (dir.), Eva Gonzalès, 1849-1883, Étude critique et catalogue raisonné, Paris, Bibliothèque des Arts, 1990
→Claude Rorger-Marx, Eva Gonzalès, Saint-Germain-en-Laye, Les Éditions de Neuilly, 1950
Eva Gonzalès, galerie Alfred Daber, Paris, 10 mars – 1er avril 1950
→Eva Gonzalès, galerie Marcel Bernheim, Paris, 20 juin – 9 juillet 1932
→Eva Gonzalès, Salons de La Vie Moderne, Paris, janvier 1885
Peintre et pastelliste française.
Liée à l’impressionnisme, Eva Gonzalès fait partie des quelques figures féminines connues du mouvement, avec Berthe Morisot (1841-1895), Mary Cassatt (1844-1926) et Marie Bracquemond (1840-1916). Cependant, elle n’expose jamais à leurs côtés, préférant la voie officielle du Salon, à l’instar de son maître Édouard Manet (1832-1883).
Issue d’une famille bourgeoise d’origine espagnole et monégasque – son père, Emmanuel Gonzalès, est un homme de lettres, sa mère, Marie-Céline Ragut, une musicienne –, E. Gonzalès grandit avec sa sœur Jeanne Guérard-Gonzalès (1852-1924) dans un environnement éclectique favorisant son épanouissement artistique. En 1866, elle entre dans l’atelier pour femmes du peintre académique Charles Chaplin (1825-1891). Elle s’y montre soucieuse de représenter l’atmosphère et l’attrait de la vie quotidienne et intime des jeunes femmes de son temps (Le Thé, 1868-1869). Mais après quelques années de formation classique, elle souhaite parfaire sa formation artistique auprès d’É. Manet, dont elle admire les œuvres controversées. Elle fait sa connaissance en 1869 par l’intermédiaire du peintre belge Alfred Stevens (1823-1906) et devient sa seule et unique élève. E. Gonzalès expose pour la première fois au Salon de 1870 un Enfant de troupe (1869-1870), un hommage manifeste au Fifre (1866) de son maître. Ce salon, où É. Manet présente aussi son Portrait d’Eva Gonzalès (1870), rend publiques leur amitié et leur admiration réciproque.
Au milieu des années 1870, E. Gonzalès rencontre son futur époux, Henri Guérard (1846-1897), peintre et graveur fantasque, qu’elle représente pour la première fois en 1874 aux côtés de sa sœur Jeanne dans Une loge aux Italiens (1874), qui n’est pas sans rappeler les œuvres des impressionnistes qu’elle côtoie dans l’atelier d’E. Manet, et qui influencent sa propre manière de peindre (Frère et sœur (Grandcamp), vers 1877-1878). Mais en dépit de ses toiles aux apparences impressionnistes, elle préfère suivre la direction qu’elle juge la plus adaptée à son tempérament et rester résolument à l’écart de la vivacité de ces artistes. Salon après Salon, elle reçoit des critiques élogieuses aussi bien de la part des journaux conservateurs que des défenseurs de la peinture moderne, qui reconnaissent dans ses œuvres un heureux mélange du style académique de son premier maître et de la modernité du second.
Le 6 mai 1883, deux semaines après avoir donné naissance à son fils Jean-Raymond et six jours après le décès d’É. Manet, E. Gonzalès meurt d’une embolie, à l’âge de trente-six ans. Après une exposition rétrospective aux salons de La Vie moderne à Paris en janvier 1885, ses œuvres restent de longues années loin du public, soigneusement protégées par sa sœur et son époux, avant d’être mises à nouveau en lumière par le fils de l’artiste au cours du XXe siècle lors de diverses expositions (Eva Gonzalès, galerie Marcel Bernheim, Paris, 1932 ; Eva Gonzalès, galerie Alfred Daber, Paris, 1950). En 1927, son don de la toile Une loge aux Italiens au musée du Louvre inscrit sa mère dans la liste des femmes artistes qui ont marqué la seconde moitié du XIXe siècle.
Publication réalisée en partenariat avec le musée d’Orsay.