Bellet Harry, Fadia Haddad: traversée, Paris, Descartes & Cie, coll. Area, 2011.
→Goldberg Itzhak, Masques – Faces, cat. exp., Temple de Chauray, Chauray [3 mai – 1er juin 2003], Ville de Chauray, 2003
Mask, Salon de l’Écritoire, Berlin, février 2020
→La comédie humaine, Private Choice, Art Gallery, Los Angeles, 2019
→Fadia Haddad, galerie Michel Rein, Paris, 22 octobre – 19 décembre 2015
Peintre française-libanaise.
Née dans une famille beyrouthine de confession grecque orthodoxe et confrontée dès son adolescence à un quotidien marqué par la guerre civile, Fadia Haddad est envoyée à Paris en 1979 pour achever ses études secondaires et retourne à Beyrouth après avoir obtenu son baccalauréat. C’est plus tard, au milieu des années 1980, que commence réellement son histoire avec Paris, puisqu’elle intègre l’École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) et éveille l’intérêt des critiques tels que Jean-Luc Chalumeau : ce dernier écrit un article, paru dans Opus international en 1988, sur l’émergence de cette peintre qui « atteint la beauté sans la rechercher ».
Entre la fin des années 1980 et le milieu des années 1990, F. Haddad expose au Salon de la jeune peinture, au Salon des réalités nouvelles, au Salon de Montrouge, à l’espace culturel Paul-Ricard. Dans ces années au cours desquelles F. Haddad fait son apparition sur la scène internationale, alors que les discours sur la peinture oscillent entre alertes de crises et raisons pratiques, les influences qui se dégagent de manière subtile de son travail sont multiples. On décèle d’un côté le modernisme espagnol, de Pablo Picasso (1881-1973), Joan Miró (1893-1983) ou Antoni Tàpies (1923-2012), dont les liens avec une histoire plus large des arts méditerranéens prennent soudain un sens nouveau, par l’expérience d’une artiste libanaise, repérée à Paris, qui reste toujours attachée à son pays d’origine où elle voyage et expose. D’un autre côté, on peut aussi observer un dialogue à juste distance avec l’expressionnisme américain, qu’il soit pop, avec Jean-Michel Basquiat (1960-1988), ou abstrait, avec Robert Motherwell (1915-1991).
Toutefois l’art de F. Haddad se confronte dès les années 1990, et le grand cycle de La Symphonie des oiseaux, à bien d’autres problématiques qui se cristallisent autour de l’architecture et de la poétique de l’espace, mais aussi de la rencontre épiphanique entre geste chorégraphique et geste pictural. Ainsi, sa peinture, née d’une véritable danse autour de la toile placée au sol, démontre des prouesses physiques à l’origine de ses compositions à la fois spontanées et construites.
L’autre grand cycle des Masques, dont nous entretient F. Haddad avec obstination depuis les années 2000, que ce soit sur toile ou sur papier, n’est ni un objet de culte ni un principe de composition. On parlera plutôt d’un principe dynamique, une boussole que la peintre s’exerce à dompter, dans une expérience qui tient autant de l’ascèse que de l’extase. Elle recherche le subtil jeu d’équilibre visuel et psychologique entre les masses de peinture, quasiment jetées à la face du spectateur ou de la spectatrice, et le masque géométrique dessiné au crayon, qui déstabilise le regard, à la limite de la transparence. Il y a dans les œuvres de F. Haddad une quête de l’état limite, proche de l’envoûtement ou de l’œil méduséen qui nous happe dans une danse en apparence immobile.
F. Haddad expose dès les années 1990 dans des galeries parisiennes de renom telles que la galerie Nicole Ferry ou encore, plus récemment, à la galerie Michel Rein, ainsi que, parallèlement, dans des galeries libanaises, notamment celles d’Alice Mogabgab et de Saleh Barakat.
Ses œuvres sont également entrées dans de nombreuses collections privées et publiques du monde entier, parmi lesquelles celles de la Barjeel Art Foundation de Sharjah, du Patrimoine de l’humanité, Mémoire artistique du XXe siècle à Genève et New York, du musée Sursock à Beyrouth, du Centre national des arts plastiques, de l’Institut du monde arabe et de la collection Alberto Pinto à Paris.