Critique

Simone Fattal : une histoire exhumée

09.06.2019 |

Simone Fattal, Le Grand Renversement 1948, 2012, collage, 113 x 95 cm, Courtesy Simone Fattal & Balice Hertling, Paris ; Karma International, Zurich / Los Angeles ; kaufmann repetto, Milan / New York ; Galerie Tanit, Munich / Beirut © Photo : Flavio Karrer

Du 31 mars au 2 septembre 2019, le MoMA PS1 présente la première exposition monographique de l’artiste Simone Fattal (née en 1942) aux États-Unis. Se déployant dans neuf salles qui accueillent environ 200 œuvres, Works and Days revient sur cinquante ans de création.

Comme en témoigne cette rétrospective, à 77 ans, S. Fattal, Libano-États-Unienne vivant désormais à Paris, est l’autrice d’une œuvre polymorphe, riche de références historiques et archéologiques. D’abord peintre au Liban, où elle retranscrit de manière abstraite la lumière frappant le mont Sannine, c’est en Californie qu’elle se forme à la sculpture ; elle se tourne ensuite vers le travail de la céramique en France, formalisé main dans la main avec Hans Spinner à Grasse. Ces œuvres peintes et sculptées sont accompagnées des pièces moins connues que sont les collages.

Simone Fattal : une histoire exhumée - AWARE Artistes femmes / women artists

Vue d’exposition Simone Fattal: Works and Days, MoMA PS1, New York, 31 mars – 2 septembre 2019, © Photo : Matthew Septimus

La scénographie privilégiée par le MoMA PS1 met en exergue la continuité des recherches de l’artiste ainsi que leurs évolutions. Les œuvres peintes issues de ses premières années de pratique, mais aussi les plus tardives sont exposées sous forme de séries. Cela permet de constater son grand intérêt pour le pays qui l’a vue grandir. Ses toiles sont une véritable ode au Liban au travers des déclinaisons chromatiques ou stylistiques à partir de motifs géologiques.
Quant à la mise en espace des sculptures, elle donne à voir des regroupements formels plutôt que chronologiques, les préoccupations constantes de l’artiste émergeant avec des séries telles que celles des corps debout, des architectures, ou encore des objets assignés à l’espace domestique, au quotidien : pots, vases, plats ou tasses.

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Simone Fattal, Le Grand Renversement 1948, 2012, collage, 113 x 95 cm, Courtesy Simone Fattal & Balice Hertling, Paris ; Karma International, Zurich / Los Angeles ; kaufmann repetto, Milan / New York ; Galerie Tanit, Munich / Beirut © Photo : Flavio Karrer

C’est grâce au rapprochement des sculptures et des peintures que la magie prend corps, dévoilant plus clairement les inspirations de l’artiste. Animée d’une préoccupation constante pour l’histoire et ses vestiges archéologiques, S. Fattal exhume des récits antiques et mythiques pour les retranscrire sous un style jugé, au premier abord, primitif mais qui entre en résonance à bien des égards avec notre monde actuel. Cette rencontre est d’autant plus manifeste dans ses collages, tel Alexander The Great (2011), qui mêlent, en de véritables poèmes visuels, des éléments picturaux qu’elle produit, des photographies anciennes de sa collection et des images contemporaines.

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Vue d’exposition Simone Fattal: Works and Days, MoMA PS1, New York, 31 mars – 2 septembre 2019, © Photo : Matthew Septimus

Au croisement de cette diversité de formes, Ruba Katrib, commissaire de l’exposition, a choisi d’ajouter un autoportrait vidéo réalisé en 1971 dans l’atelier de l’artiste, lui aussi fruit d’éléments d’archives retrouvés et d’un regard contemporain. Le projet, qui consistait à filmer une conversation menée à bâtons rompus entre Simone Fattal et certains de ses amis, ne fut jamais édité, et les bandes sont demeurées des années durant dans un tiroir pour finalement être montées par Eugénie Paultre à l’occasion d’une exposition de la galerie Arnaud Lefebvre, en 2012.

Works and Days s’inscrit dans la lignée des expositions mettant en lumière, ces dernières années, le travail de l’artiste. Après une rétrospective à Rochechouart en 2017 et une commande publique pour le musée national du Qatar, à Doha, inauguré cette année, S. Fattal sera très prochainement mise à l’honneur dans plusieurs pays : des événements en Belgique, en Suisse et en Italie sont au programme.

 

Simone Fattal. Works and Days, du 31 mars au 2 septembre 2019, au MoMA PS1 (New York, États-Unis).

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Pour citer cet article :
Mathilde Hivert, « Simone Fattal : une histoire exhumée » in Archives of Women Artists, Research and Exhibitions magazine, [En ligne], mis en ligne le 9 juin 2019, consulté le 18 avril 2024. URL : https://awarewomenartists.com/magazine/simone-fattal-une-histoire-exhumee/.

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