Critique

Etel Adnan à l’Institut du monde arabe

27.12.2016 |

Etel Adnan, Sans titre, 2012, huile sur toile. Courtesy collection privée Andrée Sfeir-Semler, Hambourg

À travers une exposition monographique, l’IMA choisit d’explorer les multiples facettes de l’artiste libano-américaine Etel Adnan, dont l’œuvre se situe à la croisée du texte et de l’image.

Etel Adnan à l’Institut du monde arabe - AWARE Artistes femmes / women artists

Etel Adnan, Sans titre, 2014, huile sur toile © Etel Adnan – Courtesy Galerie Lelong

Etel Adnan à l’Institut du monde arabe - AWARE Artistes femmes / women artists

Etel Adnan, Sans titre, 2012, huile sur toile. Courtesy collection privée Andrée Sfeir-Semler, Hambourg

Née à Beyrouth en 1925, d’une mère grecque et d’un père syrien, elle baigne toute son enfance dans un milieu cosmopolite et partage sa vie entre le Liban, les États-Unis et l’Europe1. S’orientant d’abord vers des études de philosophie2 – avant d’enseigner cette discipline en Californie de 1958 à 1972 – Adnan expérimente, parallèlement à l’écriture, la peinture dès le milieu des années 50.

Reconnue depuis le début des années 70 pour son travail de poète et d’écrivaine engagée3, elle est considérée aujourd’hui comme une figure majeure de l’art contemporain. Ce n’est pourtant qu’en 2012, lors de sa participation à la dOCUMENTA (13), qu’elle se fait remarquer pour son travail pictural.

Comme on peut l’observer dans l’exposition, l’œuvre peint d’Adnan se compose de petits paysages aux formes très simplifiées – à la limite de l’abstraction – et aux grands aplats de couleurs vives, exécutés au couteau ou à la spatule. Bien que la figure humaine y soit toujours absente, l’artiste souligne que “Ces montagnes et ces mers sont [son] autre visage, le plus durable et le plus constant”.

Etel Adnan à l’Institut du monde arabe - AWARE Artistes femmes / women artists

Etel Adnan, Voyage au Mont Tamalpaïs, 2008, aquarelle et encre sur papier © Etel Adnan – Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris

Etel Adnan à l’Institut du monde arabe - AWARE Artistes femmes / women artists

Etel Adnan, Paris Roofs: Jim’s Window no. 2, 1977, fusain sur papier © Etel Adnan – Courtesy Galerie Claude Lemand, Paris

Adnan décline aussi les différents paysages observés au gré de ses voyages et de ses lieux de vie – New York, Beyrouth, San Francisco et Paris – sur des leporellos, ces “livres-accordéons” qui se déplient pour former une longue frise. Entremêlant parfois formes abstraites et écrit, aquarelle et encre au sein de ce format original, l’artiste réussit à libérer le texte et l’image de leurs carcans habituels.

L’exposition réussit à mettre en lumière l’œuvre puissant d’Adnan où création littéraire et pratique picturale se révèlent indissociables. L’écriture est à comprendre comme une autre manière de formuler ce qui se joue dans sa peinture et ses dessins, et inversement. Chez l’artiste-poète, ces deux modes d’expression sont bel et bien issus d’un seul et même langage.

À l’Institut du monde arabe, à Paris, du 18 octobre 2016 au 1er janvier 2017.

1
Grâce à son éducation et ses nombreux voyages, Etel Adnan parle le turc, l’arabe, le français et l’anglais. Aujourd’hui, elle réside et travaille à Paris.

2
Diplômée de la Sorbonne, elle poursuit par la suite ses études à Berkeley et Havard.

3
Parmi les textes les plus engagés de l’artiste, on citera : L’Express Beyrouth enfer (P. J. Oswald, 1973), Sitt Marie Rose (Paris, Des Femmes, 1978) et L’Apocalypse arabe (Paris, Papyrus, 1980).

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