Judith von D. Miller, Art in East Africa. A Guide to Contemporary Art, Londres, F. Muller, 1975.
→East African Institute of Social and Cultural Affairs, East Africa’s Cultural Heritage, Nairobi, East African Publishing House, 1966.
→Transition Magazine, Kampala, n° 9, juin 1963.
Union Carbide Building, New York, 1969.
→Nommo Gallery, Kampala, 1965.
Peintre zanzibarie.
Fatma Shaaban Abdalla Abubakar, aussi appelée Fatma Abdullah, naît à Zanzibar en 1939. Son père, Shaaban Abdalla, joue au sein du groupe Ikhwan Safaa, considéré comme la plus grande et la plus anciennne formation de musique taarab d’Afrique de l’Est. Elle fréquente le Women’s Teacher Training College de Zanzibar en 1959, puis intègre la Makerere School of Fine Arts, à Kampala (Ouganda), de 1959 à 1964. Elle en reçoit un diplôme de première classe ainsi que le prix Margaret Trowell en 1960. Par la suite, elle étudie à l’université de Dar es Salaam et à la City University, à Londres. Elle devient enseignante en art et en illustration, puis directrice adjointe du Nkrumah Teachers’ Training College de Zanzibar de 1964 jusqu’aux années 1970. Enfin, elle est attachée au ministère de l’Éducation et de la Culture, où elle travaille comme directrice du département des Arts et des Musées. Là, elle s’engage pour la promotion de la culture zanzibarie, notamment en organisant des expositions d’artistes de Zanzibar à l’étranger, en particulier l’exposition itinérante de textiles de kangas (un vêtement féminin). Elle expose à la galerie Nommo de Kampala en 1965, au Union Carbide Building de New York en 1969, ainsi qu’à Londres, à Berlin et en Afrique de l’Ouest. Elle est membre de la Tanzania Arts Society. En 1985, elle est agent artistique d’un groupe zanzibari de taarab, dont elle accompagne la première tournée européenne.
Bien que la carrière de F. Abdalla Abubakar ait été marquée par une formation de haut niveau et des postes prestigieux, on sait très peu de choses de sa pratique et de la localisation de ses œuvres. Son changement de nom à l’occasion de son mariage dans les années 1960 ainsi que son déménagement à l’étranger pourraient être des raisons de cet effacement. Les quelques œuvres accessibles au moment de la rédaction de cette biographie représentent soit des figures humaines, soit la vie sauvage, dans des gammes de couleurs vives. L’intérêt de F. Abdalla Abubakar pour le corps humain et pour la vie animale est un aspect que l’on retrouve chez d’autres artistes diplômé·e·s de la Makerere School of Fine Arts, mais ses œuvres représentent leurs sujets dans un style mêlant flamboyance et mouvement. Dans Revolutionary Spirit (vers 1960), l’artiste peint une foule de personnes, principalement des femmes, descendant dans les rues de Zanzibar pour protester en faveur des droits des travailleurs et travailleuses, et fait ainsi preuve d’unité et de solidarité à leur égard.
En 1986, l’artiste est nommée troisième ministre conseillère à la mission diplomatique de la Tanzanie à Londres. Elle meurt à Londres le 14 janvier 1994, quelques semaines seulement après avoir été nommée à la tête de l’antenne de Zanzibar du ministère tanzanien des Affaires étrangères.
Une notice réalisée dans le cadre du projet Tracer une décennie : artistes femmes des années 1960 en Afrique, en collaboration avec la Njabala Foundation
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