Souhila Bel Bahar, Journal intime, 1966/1971, 1983/1985, 2016, non édité
→Dalila Bel Bahar-Hafizn, Souhila Bel Bahar, il pleut des jasmins sur Alger, éditions Musée national des beaux-arts, Ministère de la Culture, 2016
Souhila Bel Bahar, Centre culturel algérien, Année de l’Algérie en France, mars 2003, Paris
→Rétrospective, Musée national des beaux-arts, Alger, 1984
→Galerie Mouloud Feraoun (Hall du Crédit Populaire), Alger, 1972
Peintre algérienne.
Artiste autodidacte, Souhila Bel Bahar obtient son certificat d’études en 1947 à l’école Lavigerie à Blida, puis suit les cours de coupe et couture du Centre Fémina et de l’école Pigier d’Alger de 1949 à 1952. Douée pour le dessin, elle fréquente les ateliers de broderie de sa famille où elle apprend à reproduire les formes géométriques, les lignes sinueuses des arabesques, entrelacs et autres motifs du majboud, une broderie traditionnelle de fils d’or et d’argent sur cuir et velours, qui enjolive les vêtements de cérémonie.
À 17 ans, soutenue par son père qui lui fournit du matériel et des ouvrages d’histoire de l’art, elle s’adonne avec passion à la peinture ; elle découvre les artistes célèbres et développe une fascination particulière pour Pablo Picasso (1881-1973) et Eugène Delacroix (1798-1863). Curieuse et opiniâtre, elle s’imprègne des divers courants et styles artistiques ; elle progresse en expérimentant différentes techniques de peinture et en s’exerçant à copier des œuvres d’Auguste Renoir (1841-1919), d’Edgar Degas (1834-1917) ou de Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875). Elle réalise entre 1958 et 2016 neuf versions des Femmes d’Alger d’après E. Delacroix et, entre 1973 et 2016, six versions des Demoiselles d’Avignon d’après P. Picasso.
Très attachée au patrimoine, elle représente la mosquée Ketchaoua à Alger, des paysages du Sahara, des architectures du sud de l’Algérie, des portraits de Touaregs, le port d’Alger…, et commence à attirer l’attention de son entourage.
Parallèlement, les modèles qu’elle dessine pour la couture annoncent les femmes longilignes et leurs formes sinueuses qui vont habiter ses tableaux. Elle s’oriente vers une nouvelle démarche picturale ; à la suite de Baya (Fatma Haddad, 1931-1998), sa contemporaine célèbre pour ses images de femmes fantastiques, elle crée un monde où évoluent des silhouettes féminines, fleurs et pétales vivantes : c’est l’amorce d’un processus de singularisation par la construction d’une approche de la représentation et d’un langage très personnels qui feront sa signature.
L’image de la femme pétale apparaît en 1960 à la suite d’une série d’esquisses de figures féminines (Femme pétale, esquisse, 1960). S. Bel Bahar privilégie la ligne et la forme épurées pour exprimer la légèreté, la grâce et la finesse de ces femmes, évoquant des sourires, la douceur ou tout autre sentiment avec un tracé à peine ébauché. L’univers de son travail est, dès lors et pour longtemps, occupé par des femmes sublimées, heureuses, qui s’élancent sous des cieux limpides, dans un paysage où se devinent des rumeurs joyeuses. Dans cette figuration qui bat en brèche les règles de la perspective et où les couleurs sont posées en aplats, elle crée une harmonie de volumes où les femmes libérées sont les reines d’un monde bigarré, où les courbes sinueuses et ondulantes des corps se transforment en pétales et en fleurs.
Sa première exposition monographique, qui se tient en 1972 à la galerie Mouloud Feraoun à Alger, la révèle au public algérien et marque le début de sa reconnaissance, ce qui l’encourage. De 1973 à 2018, S. Bel Bahar bénéficie d’expositions personnelles et collectives en Algérie mais aussi à l’étranger, notamment en France, en Allemagne, en Syrie et en Tunisie. Plusieurs de ses œuvres sont conservées au musée national des Beaux-Arts d’Alger ou figurent dans la collection de la présidence de la République, ainsi que dans de nombreuses ambassades étrangères en Algérie.
Publication réalisée dans le cadre de la Saison Africa2020.
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