Hannan Abu-Hussein: Installations, Tel Aviv, Musa Eretz Israel Museum, 2019
→Nasrallah, Aida, « Art, Contempt, Feminism: The Repugnant, the Repellent, and the Despised in the Works of Hannan Abu Hussein. » (in Hebrew), Migdar 5, 2018, p. 1-20
→Livneh, Neri, « Hannan’s Monologue, » Haaretz, 26 février 2003
Hannan Abu-Hussein: Installations, Musa Eretz Israel Museum, Tel Aviv, 2019
→Hannan Abu-Hussein: Body Fragments, Haifa Museums, Haifa, 4 août 2018 – 2 février 2019
→Momentary Freedom, Barbur Gallery, Jérusalem, 2014
Artiste pluridisciplinaire.
Hannan Abu-Hussein obtient sa licence d’arts plastiques à l’Académie Bezalel des arts et du design. Elle étudie également la pédagogie et la gestion des institutions artistiques à l’école de commerce au sein de l’université de Tel Aviv, obtient un diplôme de troisième cycle en céramique à l’Académie Bezalel, ainsi qu’un master d’histoire de l’art à l’université hébraïque de Jérusalem.
Depuis 1996, elle vit à Jérusalem, où elle travaille en tant qu’artiste et enseignante à l’École Shenkar d’ingénierie, d’art et de design à Ramat Gan et à l’Institut Kibboutzim de pédagogie, de technologie et des arts à Tel Aviv, ainsi qu’au musée d’Israël à Jérusalem.
H. Abu-Hussein est activement engagée dans la défense des droits des femmes, notamment dans la société arabe en Israël. À travers son œuvre artistique, elle explore les différentes formes de violence infligées aux femmes, telles que les mariages forcés, les mariages précoces, les restrictions imposées par la famille en matière d’études ou d’emploi, l’interdiction des relations sexuelles avant le mariage, les crimes d’« honneur » et l’inceste.
H. Abu-Hussein a été profondément influencée par l’écrivaine égyptienne Nawal El Saadawi, considérée comme l’une des cheffes de file du féminisme moderne dans le monde arabe. Dans ses œuvres, H. Abu-Hussein associe les idées féministes occidentales, qu’elle découvre lors de ses études universitaires en Israël, à celles de N. El Saadawi.
Son approche artistique radicale et courageuse l’a amenée à faire usage de techniques d’expression assez peu fréquentes chez d’autres artistes arabes, à l’exemple de sa série d’œuvres qui représente des sexes féminins de formes diverses et allant ainsi à l’encontre de la sacralisation de la virginité avant le mariage. En choisissant ce motif, elle s’aventure au-delà de la célèbre œuvre The Dinner Party [Le dîner, 1979], dans laquelle l’artiste américaine Judy Chicago se sert de l’image de la vulve pour protester contre l’absence de femmes dans le monde l’art.
H. Abu-Hussein utilise dans sa pratique à des matériaux fréquemment employés dans l’art féministe depuis les années 1960, comme les bas en nylon, les soutiens-gorge, les matelas, le tissu, le matériel de couture et les aiguilles, ainsi qu’à des matériaux traditionnellement associés aux activités « masculines » (moulures en béton, carrelage ou tuyaux de fer), soulignant ainsi l’égalité des sexes.
L’une des œuvres que H. Abu-Hussein crée en 1998 se compose de plusieurs briques sur lesquelles est inscrit un mot en arabe lié au statut inférieur de la femme dans la société : « femelle », « pute », « femme », « honneur de la famille », « elle » et « je ». Le public est invité à créer ses propres phrases à l’aide de ces mots, mais le résultat des combinaisons reflète invariablement la condition difficile des femmes arabes. Ces briques font office de métaphore du piétinement des droits des femmes et du féminicide dans la société arabe. Dans une autre de ses œuvres Vagina (2001-2008), qui présente des œufs en céramique dans des bas en nylon, elle aborde la question du contrôle de la virginité des femmes avant le mariage, pratique à laquelle se livrait la grand-mère de l’artiste.
H. Abu-Hussein a fait l’objet de nombreuses critiques de la part de plusieurs groupes au sein de la société arabe, qui considèrent que ses préoccupations féministes sont incompatibles avec la tradition et les valeurs de la culture arabe. À ces protestations, elle a répondu : « Tout ce que je demande, en tant qu’artiste, est le droit de m’exprimer comme je le souhaite au sujet de mon propre corps. »
H. Abu-Hussein a reçu de nombreux prix : le prix de l’artiste de l’année 2000 et 2002, décerné par l’America-Israel Cultural Foundation ; le prix du meilleur professeur décerné par le ministère de l’éducation en 2011 ; le prix du ministère de la culture en 2014. En 2015 elle est la première artiste femme arabe à recevoir le prix du jeune artiste 2015 décerné par le ministère de l’éducation d’Israël.
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