Madra Beral, Tenderness and Envy, GaleriNev, Istanbul, 1998
→İNCİ EVİNER, Istanbul Galeri Nev & Revolver Publishing, Istanbul, 2011
→Çalıkoğlu Levent (dir.), İnci Eviner Retrospective: Who’s Inside You, cat. expo., Istanbul Modern, Istanbul (22 juin – 27 novembre 2016), Istanbul, Istanbul Modern, 2016
Harem, Whitechapel Gallery, Londres, 2009
→Broken Manifestos, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 14 janvier – 3 avril 2011 ; Nesrin Esirtgen Collection, Istanbul, 17 septembre – 30 octobre 2011
→İnci Eviner Retrospective: Who’s Inside You?, Istanbul Modern, Istanbul, 22 juin – 27 novembre 2016
Plasticienne turque.
İnci Eviner a suivi des études de peinture à l’Académie des beaux-arts d’Istanbul. Elle a toujours utilisé le dessin comme base formelle et conceptuelle de son travail. Sa pratique artistique, qui s’étend sur quatre décennies, laisse la part belle à une constellation de superpositions, de plus en plus complexes, d’objets, de sons, de performances, de vidéos et de situations, exposées sous l’aspect de structures architecturales évocatrices de la dimension labyrinthique de ses dessins.
L’exploration du sujet en tant qu’entité perméable et en perpétuelle évolution a conduit l’artiste à creuser la question de la nature délicate de la représentation. L’examen minutieux du corps féminin au sein de sa pratique découle d’un regard ambigu qui compose constamment avec l’imminence de la mort, construisant une structure fragile sur laquelle reposent ses tissages d’images et de marquages. İ. Eviner remet en cause l’impression de familiarité par un bouleversement perpétuel de la forme. Le caractère autonome de son univers visuel révèle le courage requis pour témoigner du monde aujourd’hui.
À l’occasion de la XIIIe Biennale d’Istanbul, quelques mois après les manifestations du parc Gezi en 2013, İ. Eviner travaille en collaboration avec un groupe de 40 étudiants et étudiantes en école d’art sur un projet de performance-recherche. Celui-ci se déroule sur une scène qu’elle fait construire à la Galata Greek School, et le public peut l’observer d’une mezzanine (Co-Action Device, 2013). L’artiste, qui est également enseignante, souligne cet aspect hybride de son travail en créant un cadre au sein duquel la recherche s’effectue par sections semi-perméables, issues d’une volonté réfléchie d’envisager le coapprentissage comme une performance, comme une façon d’ouvrir à tous et à toutes un espace partagé.
Sa vidéo Harem (2009) met en jeu une vision fétichisée de l’Orient et l’espace clos du harem en dissolvant la représentation des gestes, des mouvements et des corps, qui semblent bouger de manière compulsive. Son traitement des différents niveaux d’un dessin d’Antoine-Ignace Melling, Scènes de la vie quotidienne à l’intérieur du harem (1804), déconstruit la conception cartésienne d’un espace fantasmé et porte en son sein une tension entre l’imaginaire et la figuration picturale que la plasticienne cherche à analyser dans ses œuvres. La vidéo, diffusée en boucle, prolonge les mouvements et leurs traînées spectrales, accentuant ainsi l’écart entre vision et connaissance.
En 2019, İ. Eviner représente la Turquie à la Biennale de Venise avec son installation We, Elsewhere, qui prend pour point de départ l’essai de Hannah Arendt Nous autres réfugiés (1943). L’artiste s’intéresse à l’idée de H. Arendt selon laquelle nous sommes en train de perdre en spontanéité dans notre rapport au monde. Elle travaille avec des danseur·euse·s et des musicien·ne·s afin de créer un espace entièrement immersif sur plusieurs niveaux d’architecture et, ce faisant, attire l’attention sur la mise en scène intrinsèque de la structure d’un pavillon national. Elle explore la capacité de chaque individu de fusionner en certains points avec le collectif, et délinée cet espace à l’aide d’images et d’objets animés par le potentiel transformateur de la présence du public.
Les œuvres de İ. Eviner figurent dans le fonds de nombreuses institutions, dont la galerie Arter et le musée d’Art moderne d’Istanbul, le musée national d’Art moderne – Centre Georges-Pompidou à Paris, le Solomon R. Guggenheim Museum à New York et TBA21 à Vienne.
Une rétrospective de son œuvre, Who’s Inside You?, a été organisée au musée d’Art moderne d’Istanbul en 2016. Parmi ses expositions individuelles, citons Harem à la Whitechapel Gallery, à Londres (2009) ; Broken Manifestos, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris (2011), et Runaway Girls au Drawing Center, à New York (2015).