Skweres, Artur (dir.), Joanna Rajkowska, Andrew Dixon: Rhisopolis, cat. expo., Galeria Sztuki im. Jana Tarasina (8 septembre – 20 novembre 2022), Kalisz, Galeria Sztuki im. Jana Tarasina, 2022
→Rajkowska, Joanna, Where the Beast is Buried, Winchester, Zero Books, 2013
→Rajkowska, Joanna, Rajkowska: przewodnik Krytyki Politycznej, Varsovie, Political Critique, 2010
Artiste pluridisciplinaire polonaise.
Joanna Rajkowska obtient un diplôme d’histoire de l’art à l’Université jagellonne à Cracovie en 1992 et un diplôme de peinture à l’Académie des beaux-arts de cette même ville en 1993. Ses premières œuvres traitent de son propre corps, de sa fragilité et de sa sexualité, et abordent des récits traumatiques, notamment dans le cas de la performance filmée Let Me Wash Your Hands (1994) et de la sculpture Love of a Man Named Dog (1998). Elle réalise ensuite des projets de plus grande envergure, comme Satisfaction Guaranteed (2000) ou Twenty-Two Tasks (2003-2005), dans lesquels le corps devient une composante du tissu social. Son travail prend une dimension de plus en plus engagée en traitant de problématiques telles que les histoires réprimées, les tensions religieuses et les traumatismes collectifs, approche qui atteint son paroxysme avec l’œuvre Suiciders (2018), qui aborde des histoires de femmes ayant pris la décision dramatique de mettre fin à leurs jours, ainsi qu’avec Sorry (2022), une complainte pour les réfugié·e·s piégé·e·s à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.
Son projet le plus connu est Greetings from Jerusalem Avenue (2002), un palmier artificiel installé à un carrefour très fréquenté de Varsovie. Nommée d’après une rue qui menait autrefois à un ancien quartier juif, l’œuvre met en évidence le vide laissé par la disparition de la communauté juive après la Shoah. La signification de l’œuvre, conçue comme un « cadre ouvert » nourri par les récits engendrés par le théâtre du quotidien, a sans cesse évolué et Greetings… a fini par devenir l’objet fédérateur de manifestations politiques – dont les plus récentes s’axent sur la catastrophe climatique, la guerre en Ukraine et la grève des femmes. Ainsi, le palmier est devenu un symbole surréaliste de la ville de Varsovie.
J. Rajkowska a employé la stratégie de Greetings from Jerusalem Avenue, qui consiste à révéler ce qui est tu, non désiré ou souhaité, pour d’autres projets dans d’autres lieux, notamment Umeå Volcano (2006), Oxygenator (2007) et Sumpfstadt/Swamptown (2012). Les formes que prennent ces projets sont variables, de la fantaisie architecturale au paysage mémoriel, de la fausse fouille archéologique à la sculpture immergée, en passant par le film, la lettre, le dessin, le photomontage ou la maquette.
Après la naissance de sa fille Rosa en 2011, les projets de J. Rajkowska s’ancrent davantage dans son vécu de mère, notamment en lien avec la maladie de son enfant. Si les notions d’intimité et de vulnérabilité dans l’espace public s’avèrent presque impossibles à montrer, c’est néanmoins durant cette période qu’elle crée certains de ses projets les plus touchants : Born in Berlin (2012), The Peterborough Child (2012), Rosa’s Passage (2014) ou All-Seeing Eye (2013).
Enfin, son intérêt pour l’écoféminisme et les problématiques environnementales s’incarne d’abord dans l’œuvre déjà citée Sumpfstadt/Swamptown, un projet dont le but est de transformer une zone précédemment occupée par le château de Berlin en réserve naturelle, avec pour objectif de déconstruire son histoire. S’ensuit Avant-Garde for Insects (2016-2022), un projet qui étudie les interactions des abeilles avec les œuvres d’art et propose ainsi une réflexion sur ce qui restera de la culture humaine après l’apocalypse. L’installation Rhizopolis (2021) part du postulat selon lequel l’espèce humaine trouvera refuge en souterrain, sous les arbres de la forêt. The Hatchling (2019-2023), une série de sculptures acoustiques en forme d’œufs, met en lumière une nouvelle forme de sensibilité, une condition de survie absolue.
L’œuvre de J. Rajkowska est reconnue à la fois en Pologne et à l’international. Elle a notamment été exposée au Royaume-Uni, en Allemagne, en Pologne, en France, en Suisse, au Brésil, en Suède, aux États-Unis, en Bulgarie, en Palestine, en Inde, au Japon, en Turquie et au Kenya.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring