Drathen (von) Doris et Lavigne Emma, Kimsooja – To Breathe, cat. expo., Centre Pompidou, Metz, (26 octobre 2015 – 4 janvier 2016), Metz, a.p.r.e.s éditions / Centre Pompidou-Metz, 2015
A Needle Woman, P.S.1 Contemporary Art Center/MOMA, New York ; Kunsthalle, Berne, 2001
→Kimsooja, musée d’Art moderne de Saint-Etienne, 2012
→Kimsooja – To Breathe, Centre Pompidou, Metz, 26 octobre 2015 – 4 janvier 2016
Plasticienne et vidéaste coréenne.
Après des études artistiques à Séoul, Kimsooja suit un atelier de lithographie à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, puis part en résidence à New York, au Museum of Modern Art PS 1. Ses premiers travaux font appel aux étoffes, au tissu, qui va devenir très vite son matériau de prédilection, car il est l’emblème du tissage, donc d’une caractéristique féminine. Tout d’abord assemblées et cousues comme les morceaux d’un puzzle, les grandes couvertures colorées et brodées qu’elle déplie dans l’espace viennent de pratiques traditionnelles coréennes : couvre-lits de mariage, enveloppes de paquets ; ces tissus sont soit suspendus sur des fils, soit posés au sol comme de grands tapis, ou bien servent de nappes sur des tables de restaurant. En 1997, Kimsooja entreprend un voyage de 2 727 kilomètres dans le sud de la Corée, perchée sur un camion rempli de bottaris, sorte de baluchons de nomade. Dans une vidéo intitulée Bottari Truck, elle est filmée de dos, avec le paysage qui défile lentement devant elle. Cette œuvre, composée du camion et de la projection filmée, est présentée dans l’exposition Cities on the Move : art et architecture en Asie, 1998, CAPC musée de Bordeaux ; puis c’est au Mac/Val, musée d’Art contemporain de Vitry (2007) que cette vidéo nomade, symbole du voyage et de l’errance de l’art contemporain mondialisé, est projetée, après un périple jusqu’à l’église Saint-Bernard, lieu manifeste de la lutte des sans-papiers ; elle est enfin montrée lors de la Foire internationale d’art contemporain à Paris, devant l’entrée de la Cour carrée du Louvre en 2008.
La métaphore du tissage est incarnée ensuite dans une série de vidéos intitulées Needle Woman (« Couturière », 1999-2000) : son propre corps, immobile, posé au cœur des foules passantes des grandes villes du monde (Tokyo, Séoul, Mexico), devient l’aiguille qui tisse le flux continu des corps humains ; ou bien allongée sur un rocher entre terre et ciel, elle unit les deux mondes. Lors d’un voyage en Inde, Kimsooja filme les teinturiers et blanchisseurs de Bombay : Mumbai: A Laundry (« Mumbai, une blanchisserie », 2008) est composé de quatre écrans montrant la dureté du travail et des conditions de vie en Inde, mais aussi la beauté de cette pratique et des couleurs du pays. Poursuivant ses investigations des traditions du monde, elle entreprend une série de films sur les diverses pratiques du tissage au Pérou et en Afrique afin de montrer la permanence d’un rite, malgré les différences culturelles. Parallèlement à ces travaux à caractère anthropologique d’une grande esthétique formelle, elle réalise des œuvres plus abstraites et sensorielles, comme ces écrans de couleurs changeantes, présentés au théâtre de la Fenice à Venise en 2005, puis au théâtre du Châtelet, au cours de la Nuit blanche (2009), ou encore le palais de miroirs qu’elle a installé à Madrid, dans le jardin du Buen Retiro, en 2006.