Visser Hripsimé, Stahel Urs, Rineke Djikstra, cat. exp., Jeu de paume, Paris [14 décembre 2004 – 20 février 2005], Fotomuseum, Winterthur [12 février – 22 mai 2005], Münich/Amsterdam, Schirmer/Mosel, 2004
Rineke Djikstra, Max Hetzler Gallery, Berlin, 27 janvier – 4 mars 2017
→Rineke Djikstra. A Retrospective, SFMOMA, San Francisco, 18 février – 8 octobre 2012
→Rineke Djikstra, Jeu de paume, Paris, 14 décembre 2004 – 20 février 2005
Photographe et vidéaste néerlandaise.
Étudiante à la Gerrit Rietveld Academy d’Amsterdam de 1981 à 1986, la photographe Rineke Dijkstra présente Paradiso Portraits, sa première exposition personnelle, en 1984 à la galerie De Moor. À ses débuts, elle travaille en indépendante pour des magazines, réalisant des portraits d’artistes, d’écrivains, d’hommes d’affaires. Sa célèbre série de photographies d’adolescents sur une plage de la mer du Nord commencée en 1992 se poursuit jusqu’en 1996. Après la Pologne et l’Ukraine, elle continue son travail sur les rivages des États-Unis et d’Afrique. Son œuvre se caractérise par des ensembles de portraits en pied photographiés de front et en couleur, comme pour la photographie de la Jeune fille en bikini orange, qui présente les constantes de sa démarche : le décor minimaliste d’une plage non identifiée, la lumière ambiante complétée par un recours au flash. La prise de vue sur négatif couleur est réalisée au moyen d’une chambre photographique et implique un long temps de pose. Enfin, le regard perplexe de la jeune fille se confronte à l’objectif de la photographe. Cette technique systématique révèle de nombreux aspects expressifs et sociaux, comme la reproduction d’attitudes habituelles, conventionnelles voire stéréotypées. La dimension monumentale des tirages alliée à l’absence de mise en scène souligne la fragilité des êtres humains, souvent représentés seuls. Par leur aspect documentaire, ces photographies rappellent des travaux de l’école de Düsseldorf, et la photographie objective.
R. Dijkstra s’inspire aussi de la photographie d’identité, tout en se distinguant par l’attention qu’elle porte à ses modèles au seuil d’une transformation. Elle s’intéresse avant tout à l’état émotionnel de ses personnages, comme en témoignent les photos de toreros, prises juste après le combat, ainsi que ses portraits de « Femmes à quelques heures de leur accouchement ». Son approche respectueuse et distancée évoque la figure tutélaire de Diane Arbus (1923-1971). Son travail révèle aussi une certaine recherche identitaire, notamment dans les portraits de jeunes Israéliens en tenue militaire et en civil. Au-delà d’une certaine conformité générée par le port de l’uniforme, elle cherche à révéler la singularité de l’individu. La manière dont l’uniforme conditionne est une partie intégrante de son travail. En 1996, elle réalise sa première vidéo, The Buzzclub, Liverpool, UKI Mysteryworld, Zaandam, NL, mettant en scène de jeunes adolescents en train de danser dans des boîtes de nuit de ces deux villes. À travers le portrait photographique ou la vidéo, R. Dijkstra interroge la place de l’individu, les « expériences universelles », les notions d’identité et de révélation de soi.