Kai Stahl, Ainulaadne sõsarkond. Õed Kristine, Lydia ja Natalie Mei [Une fraternité unique. Les sœurs Kristine, Lydia et Natalie Mei], Tallinn, Art Museum of Estonia, 2020
The Mei Sisters: Avant-Garde and the Everyday Life, Kumu Art Museum, Tallinn, Estonia,13 mars – 31 août 2025
→Kunstiühing Pallase III näitus, Raekoja plats 8, Tartu, Estonia, 11 mai –1 juin 1919
Sculptrice et calligraphe estonienne.
Kristine Mei est la première sculptrice professionnelle d’Estonie, ainsi qu’une calligraphe et graphiste de talent. Elle naît à Liepāja, ville dotée d’une base navale où est stationné son père, capitaine de navire originaire de l’île de Hiiumaa. Elle est l’aînée de deux sœurs, Lydia (1896-1965) et Natalie (1900-1975), qui, par la suite, deviennent à leur tour des artistes célèbres. En 1912, la famille emménage à Tallinn et, l’année suivante, K. Mei entreprend des études d’art à Helsinki, à l’école de dessin de l’Association des arts de Finlande, située dans le bâtiment de l’Ateneum. En 1916, elle devient la première femme estonienne diplômée de sculpture.
Les premières œuvres de K. Mei sont sculptées dans des matériaux allant de la céramique au bois ou au béton, souvent dans de petites dimensions. Très expressives, elles représentent des portraits humoristiques ou caricaturaux des artistes de son entourage. Par la suite, ses sculptures sont inspirées de la culture moderne du divertissement et, parfois, des cultures perçues en Europe comme exotiques, comme par exemple Mees banaanidega [Homme aux bananes, 1925], une de ses statuettes en céramique les plus célèbres.
À son retour en Estonie, K. Mei est embauchée à l’École d’art industriel de Tallinn, où elle enseigne le modelage à des étudiant·es, parmi lesquel·les figure Eduard Wiiralt (1898-1954), qui devient par la suite un célèbre graveur. En 1919, K. Mei et ses sœurs présentent leurs œuvres à la troisième exposition de la société artistique Pallas, où elles sont les seules participantes féminines ; elles entrent dans l’histoire en devenant les premières femmes à exposer dans un lieu aussi prestigieux en Estonie.
Le parcours de K. Mei prend un tournant nouveau après son mariage avec le linguiste Julius Mark en 1921, à la suite duquel elle emménage à Tartu et devient mère de quatre filles. La poursuite de la sculpture s’avérant difficile en raison de ses contraintes physiques et de l’espace nécessaire, K. Mei se consacre de manière croissante à la calligraphie et à la composition d’ouvrages. Son travail se caractérise par un sens raffiné de la mise en page et l’amour du détail ; elle combine les traditions de l’art manuscrit à une esthétique moderne. K. Mei s’avère si douée pour la calligraphie qu’elle est nommée artiste en résidence à l’université de Tartu, ce qui lui permet de travailler pour une clientèle internationale. Par ailleurs, elle participe à des voyages de recherche ethnographique, lors desquels elle met à profit ses compétences artistiques afin de documenter les artefacts collectés par le Musée national estonien. Elle coopère aussi avec nombre d’autres musées et institutions.
Au début des années 1950, K. Mei retourne à Tallinn, où elle demeure jusqu’à sa mort en 1969. Dans les dernières années de sa vie, elle se consacre à la rédaction de ses mémoires et produit des collages surréalistes et humoristiques, qu’elle garde essentiellement pour elle. Peu de ses œuvres nous sont parvenues, pourtant, sa production aux multiples facettes continue d’être célébrée pour son originalité et pour sa maîtrise technique.
La plupart des sculptures de K. Mei sont hélas perdues ou demeurent en mains privées, mais le musée d’Art d’Estonie, le musée d’Art de Tartu, le musée de Hiiumaa et le musée de l’université de Tartu possèdent chacun une de ses sculptures. Les archives du musée d’Art d’Estonie conservent aussi beaucoup d’œuvres calligraphiées et de collages de la main de K. Mei, qui ont été présentés avec l’ensemble de ses sculptures recensées à ce jour lors de l’exposition collective The Mei Sisters: Avant-Garde and the Everyday Life au Kumu, à Tallinn, en 2025.
Un biographie produite dans le cadre d’AMIS : AWARE Museum Initiative and Support
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025