KURA : Story of a Māori Woman Artist, Mangere Arts Centre – Nga Tohu o Uenuku, 2011
→Ahau : This is Me, Gallery Pacific, Auckland, 1985
Peintre maorie.
Née sur l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, Kura Te Waru Rewiri descend des tribus maories ngāpuhi, ngāti kahu, ngāti rangi et ngāti raukawa ki kauwhata. Ses premiers professeurs d’art, Selwyn Wilson (1927-2002) et Buck Nin (1942-1996), l’encouragent à s’inscrire à l’Ilam School of Fine Arts à Christchurch. Elle y étudie en 1971 et 1972 et a pour professeurs de design, dessin et sculpture les artistes Bill Sutton (1917-2000) et Don Peebles (1922-2010). Lors de sa dernière année, K. Te Waru Rewiri suit les cours du peintre lituanien Rudolf Gopas (1913-1983) et obtient son diplôme d’art en 1973. Dans ses tableaux de jeunesse, son usage expressif de la couleur et de la peinture, de même que la gestuelle qu’elle met en œuvre, traduit l’influence de ses professeurs.
K. Te Waru Rewiri se destine tout d’abord à l’enseignement. Elle ne se consacre pleinement à son travail artistique et ne devient une artiste à part entière qu’en 1985, à la suite de sa première exposition individuelle, Ahau-Me, à la Gallery Pacific d’Auckland. Cette période marque non seulement le début de la carrière artistique de K. Te Waru Rewiri, mais aussi une une remise en question de certaines idées reçues sur l’art maori répandues au sein de sa culture, notamment grâce au recours à des références spécifiques au whakairo (sculpture sur bois traditionnelle maorie). En effet, le whakairo étant généralement réservé aux hommes, sa pratique par les femmes est soumise à des restrictions auxquelles s’oppose K. Te Waru Rewiri en intégrant des représentations de ces bois sculptés dans ses tableaux. Elle se fait ainsi « sculptrice » en se servant du médium pictural pour peindre, façonner et créer ses propres récits et pour exprimer ses préoccupations.
Aux côtés de ses paires Robyn Kahukiwa (née vers 1938), Emily Karaka (née en 1952), Diane Prince (née en 1952) ou Shona Rapira Davies (née en 1951), K. Te Waru Rewiri fait partie d’un mouvement porté par les femmes artistes maories, qui accède à la notoriété au début des années 1980. Ce mouvement comporte à la fois des similitudes et des différences par rapport au courant artistique féministe de l’époque, mais œuvre principalement pour la représentation et la visibilité de la souveraineté des femmes maories. Pris dans leur ensemble, les travaux de ces artistes traduisent le lien culturel et spirituel profond que celles-ci entretiennent avec la Terre à travers la personnification de celle-ci sous les traits de Papatūānuku (Terre mère), telle qu’elle apparaît dans les récits maoris de la Création. Ces œuvres abordent souvent le territoire comme un espace de captures, d’injustices et de vols commis à l’époque de la colonisation britannique. La signature du tiriti o Waitangi (traité de Waitangi) en 1840 par le peuple maori et la Couronne britannique est également une thématique centrale dans le mouvement des femmes artistes maories.
Inspirés par l’expressionnisme abstrait et la philosophie maorie, les tableaux de K. Te Waru Rewiri se caractérisent par leurs structures géométriques puissantes, ainsi que par un usage intuitif de la couleur et du motif qui renvoient aux formes d’art et aux systèmes de pensée traditionnels maoris. Les sujets principaux de ses œuvres sont le traité de Waitangi et son lien avec le peuple et la terre, le hahi Rātana (croyance Rātana), ou encore l’exploration du système d’écriture traditionnel des kōwhaiwhai (motifs peints sur les chevrons des habitations).
Parmi les principales expositions de K. Te Waru Rewiri, citons notamment Māori Art Today (présentation itinérante en Nouvelle-Zélande en 1986 et 1987), Mana Tiriti à la City Gallery Wellington (1990), Te Waka Toi: Contemporary Māori Art (exposition itinérante aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande de 1992 à 1994), Pūrangiaho. Seeing Clearly: Casting Light on the Legacy of Tradition in Contemporary Māori Art à l’Auckland Art Gallery Toi o Tāmaki (2001) et Taiāwhio: Continuity and Change au Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa à Wellington (2002).
La première rétrospective de l’artiste, Kura: Story of a Māori Woman Artist, s’est tenue au Mangere Arts Centre – Nga Tohu o Uenuku (Auckland) en 2011. Depuis 1991, K. Te Waru Rewiri est une figure influente de l’enseignement des arts maoris. Elle a donné des conférences à l’Elam School of Fine Arts à Auckland, à Whanganui Polytechnic, à la Whanganui University et à la Massey University de Palmerston North, où elle codirige actuellement le programme d’arts plastiques Toi Oho ki Apiti Māori. Plusieurs ouvrages biographiques lui ont été consacrés, notamment Kura Te Waru Rewiri, A Māori Woman Artist de Camilla Highfield (1999) et Kura: Story of a Māori Woman Artist, sous la direction de Nigel Borell (2012).
Publication réalisée en partenariat avec Contemporary HUM et le soutien de Creative New Zealand.
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