Garn’giny Not Granite: Mabel Juli, Marlene Juli, Atlanta Mercy Umbulgurri, cat. expo., Everywhen Art Space and Warmun Art Centre, Flinders (19 – 28 mai 2021), Flinders, Everywhen Art Space, 2021
→Kofod, Francis, Juli, Mabel, “Garnkiny: Mabel Juli”, Garnkiny: Constellations of Meaning, Warmun, Warmun Art Centre, 2014
A Year in Art: Australia 1992, Tate Modern, Londres, 8 juin 2021 – 14 mai 2023
→Garn’giny not Granite (Moon Dreaming not Granite Mining), Everywhen Art Space and Warmun Art Centre, Flinders, 19 – 28 mai 2021
→Garnkiny doo Wardel (Moon & star): Mabel Juli Solo exhibition, Harvey Art Projects, Idaho, 20 décembre 2016 – 30 janvier 2017
Peintre Gija/australienne.
La doyenne Gija Mabel Juli est l’une des artistes contemporaines les plus emblématiques d’Australie. Les images puissamment distillées qu’elle peint à l’aide d’ocres récoltées à la main sont empreintes des récits ancestraux de sa terre natale Gija, située dans la région reculée de Kimberley, au nord-est de l’Australie-Occidentale.
M. Juli grandit sur son territoire maternel, Darrajayin, dans la région de Barlinyin (également connue sous le nom de Springvale Station), à 120 km au sud-ouest de l’emplacement de l’actuelle communauté Warmun et du Warmun Art Centre. Dans sa langue traditionnelle, M. Juli se nomme Wirringgoon, d’après une espèce de perruche huppée native de sa région. Dans le cadre du système de parenté Gija, elle hérite d’une peau de Nyawurru et ses animaux totem Ngarranggarni (Rêve) sont l’émeu et l’échidné.
M. Juli passe son enfance à apprendre les contes ancestraux Ngarranggarni, profondément ancrés dans la rudesse des paysages environnants. Ces histoires racontent la manière dont la géographie du territoire s’est formée et détaillent d’importantes règles au sein de la culture Gija, qui deviendront plus tard les sujets des peintures de l’artiste. Elle y intègre également ses souvenirs de jeux d’enfant dans les ruisseaux et ses excursions le long de la rivière auprès de sa famille. Dès son plus jeune âge, on lui assigne des tâches domestiques sur les terres de Springvale.
Arrivée à l’âge adulte, M. Juli trouve du travail dans les fermes d’élevage avec son mari, avec qui elle aura six enfants. Les conditions de travail dans ces élevages étaient invariablement rudes pour les femmes Gija sous le régime colonial. En 1968-1969, l’introduction du Federal Pastoral Award requiert l’égalité des salaires pour les Aborigènes, entraînant un chômage de masse et un déplacement de ces populations. Ainsi empêchés de vivre sur leurs propres terres, de nombreux Gija, dont M. Juli, sont réduits à vivre en marge et démunis.
Dans les années 1970, les Gija se mobilisent et parviennent à faire reconnaître la communauté aborigène Warmun. Le mouvement pour l’art moderne Warmun émerge en 1975 et acquiert peu à peu une notoriété internationale. Rover Thomas (env. 1928-1998) en est l’instigateur, à la suite d’une vision onirique qui lui dicte une série de messages Ngarranggarni. Plusieurs aînés Gija, dont Queenie McKenzie (env. 1915-1998), mènent la renaissance culturelle engendrée par cet événement et contribuent à la traduction du rêve de R. Thomas en une série de chansons, danses et tableaux.
C’est Q. McKenzie qui encourage M. Juli à s’essayer à la peinture dans les années 1980. En observant le travail de Q. McKenzie et R. Thomas, elle apprend à moudre, mélanger et peindre avec les ocres récoltées dans la région, et devient l’une des peintres les plus prolifiques et célèbres de la communauté Warnum.
Le triptyque Garnkiny Ngarranggarni, Garnkiny et Garnkiny doo Wardal (2016) illustre parfaitement le style de M. Juli, son usage assuré du symbolisme, sa maîtrise de l’espace négatif et la texture et l’éclat de ses ocres et fusains.
Depuis 1994, M. Juli a été huit fois finaliste des Telstra National Aboriginal and Torres Strait Islander Awards, décernés par le Museum and Art Gallery of the Northern Territory de Darwin. En 2013, elle reçoit le Kate Challis RAKA Award for Visual Arts pour son œuvre Garnkiny Ngarranggarni (2010), qui sera exposée avec les œuvres des autres finalistes à l’Ian Potter Museum of Art de Melbourne. En 2022, le Museum of Contemporary Art Australia de Sydney et la Tate Modern de Londres annoncent l’acquisition commune de son Garnkiny (2013) dans le cadre de leur programme international d’acquisition conjointe consacré à l’art contemporain australien.