Johan Van Rooyen, Maggie Laubser, Le Cap, Struik, 1974
→Marais Dalene, Maggie Laubser, her paintings, drawings and graphics, Johannesburg & Le Cap, Perskor Publishers, 1994
Maggie Laubser, Retrospective Exhibition, Pretoria Art Museum, Pretoria ; South African National Gallery, Le Cap, 1969
→Maggie Laubser, Early Works from the Silberberg Collection, South African National Gallery, La Cap, 2 décembre 1987 – 31 janvier 1988
Peintre sud-africaine.
Aînée d’une fratrie de six enfants, issue d’une famille anglo-flamande installée dans la région du Cap en Afrique du Sud, Maggie Laubser n’était en rien destinée à une carrière artistique. Après l’avoir dotée d’une bonne éducation, ses parents souhaitent qu’elle reprenne la direction de la ferme familiale. Mais, bientôt, elle étudie sous la direction du peintre académique Edward Roworth, intègre la South African Society of Artists et s’installe comme artiste dans la ville du Cap. Elle réalise alors des commandes, paysages et portraits, dans le style dix-neuvièmiste prêché par son professeur. En 1913, sa rencontre avec Jan Balwé, consul flamand à la retraite, change le cours de sa vie : il l’embarque avec lui dans ses nombreux voyages en Europe. Entre Londres, l’Écosse, les Pays-Bas, l’Italie et l’Allemagne, M. Laubser découvre l’art de Vincent van Gogh, Paul Gauguin, Paul Signac et Wassily Kandinsky. Jan Toorop, Gustave De Smet et Henri Matisse comptent parmi ses peintres favoris. Au contact de Karl Schmidt-Rottluff, elle s’émancipe des esthétiques prônées dans sa patrie natale et adopte une facture de plus en plus expressionniste.
À partir de 1920, la touche de M. Laubser devient plus énergique, plus expressive, ses couleurs, posées en aplats, sont plus franches et plus vives et son dessin se simplifie : elle se défait du ton local pour laisser libre cours à sa propre expression. L’artiste souhaite à la fois traduire ses émotions et révéler l’essence cachée du monde. Élevée dans un protestantisme strict, elle renforce sa foi en rejoignant l’Église scientiste. Les tableaux Lake Scene with Cypress, Olive Trees and Sun’s Rays (1920-1921) ou Lake with Sun behind Monte Pizzocolo (vers 1921-1924), avec leurs éclatants soleils inondant une nature peuplée de hautes montagnes ou de hauts cyprès, évoquent les toiles de V. van Gogh et témoignent de cette religiosité mystique. L’un des autoportraits qu’elle peint à la même époque (Self-Portrait, 1923-1924) se réclame quant à lui du fauvisme : marqué par des traits anguleux, son visage est modelé grâce à diverses zones colorées dont certaines, tel le vert près de la bouche et du menton, n’ont plus rien de réaliste. De K. Schmidt-Rottluff, elle retient notamment l’emploi d’une palette aux couleurs soutenues, même lorsqu’il s’agit de tons pastel et, pour les paysages, la répartition de ces couleurs en larges bandes horizontales.
Après le décès de J. Balwé en 1921, M. Laubser revient en Afrique du Sud où, malgré des difficultés financières, elle poursuit sa carrière. Sa peinture est l’une des premières, avec celle d’Irma Stern, à marier le style moderne européen avec des sujets locaux. À l’exaltation de la nature sud-africaine, traduite le plus souvent par une palette aux teintes douces et lumineuses, se mêlent des portraits de paysans noirs. Tandis que, dans les scènes de labeur, les visages des personnages sont régulièrement symbolisés par un triangle de couleur sombre unie, ses portraits individuels, de femmes souvent, sont saisissants d’expressivité et d’une précision plus documentaire. Bien que les critiques en apprécient la compassion et l’humanité, son œuvre, trop moderne, n’est guère appréciée. Ce n’est qu’en 1946, quand elle reçoit la médaille d’honneur de l’Académie des arts et des sciences, que M. Laubser est officiellement reconnue comme l’une des meilleures artistes de son pays.