Christian Caujolle (dir.), D’outre-Monde, Paris, Actes Sud, 2004
→Joël Andrianomearisoa, Julie Crenn, Nathalie Gonthier et al., Echoes (from Indian Ocean), Heidelberg, Kehrer, 2013
→Brahim Alaoui, Tracés de voyage, cat. expo., If galerie, Paris (9 septembre – 16 octobre 2010), Paris, Galerie Imane Farès, 2010
D’outre-Monde, Baudoin Lebon Gallery, Paris, France, 2004
→Figures, Alessandro Cascario Art Gallery, Bozen, Italie, 15 février – 17 mars 2018
Photographe et artiste visuelle.
Malala Andrialavidrazana (vit et travaille à Paris, France) fait du voyage et de la rencontre un mode de recherche permanent. Dès le début des années 1990, l’artiste développe une étude de type anthropologique liée aux rites et à la mémoire. Elle examine par exemple les typologies des espaces funéraires malgaches. L’architecture fait partie intégrante de sa formation visuelle et conceptuelle. L’habitat, sous toutes ses formes, traduit en effet le fonctionnement d’une personne, d’une famille, d’une société. Les œuvres de M. Andrialavidrazana génèrent ainsi des mouvements entre l’individuel et le collectif. Par la photographie, son médium de prédilection, elle engage un rapport plastique au monde qu’elle tente de saisir et de comprendre par l’expérience.
En 2011, elle réalise la série photographique Ny Any Aminay à Madagascar. L’artiste est invitée à entrer dans les maisons de différentes familles pour mettre en images l’intimité et l’humilité de leurs intérieurs. Elle précise : « Une fois en confiance, les Tananariviens se découvrent dans l’espoir qu’on cesse de les prendre pour ce qu’ils ne sont pas en dehors de leur propre territoire. Approchez, disent-ils. Puis, ils se racontent à travers leur style de vie et les objets qui les entourent, anciens, en vrac, en toc, en mode automatique ou en silence. Toujours fiers et dignes. » Elle photographie des fragments de corps, tournés, partiellement dissimulés, des objets, des matières, des couleurs. Pendant deux années, elle va étendre son projet de recherche à toute la zone de l’océan Indien. Echoes (from Indian Ocean) (2011-2013) l’amène à découvrir les maisons de familles indiennes, réunionnaises et sud-africaines. Loin des clichés exotiques fantasmés par l’Occident, M. Andrialavidrazana construit un portrait pudique et sociologique d’une zone géographique avec laquelle elle partage sa propre histoire.
En 2015, elle entreprend une nouvelle série d’œuvres, intitulée Figures, des photomontages où sont articulés des extraits de différents documents et archives : atlas, cartes postales, billets de banque, pochettes d’albums, timbres, drapeaux, images provenant de livres de sciences naturelles et physiques, d’histoire ou encore d’ethnologie. M. Andrialavidrazana élabore des collages visuels où s’entremêlent plusieurs réflexions portées sur les notions d’exploration, de territoire, de rencontre, d’exotisme, de nationalisme, d’hybridation culturelle, mais aussi sur l’histoire et les survivances coloniales. Les œuvres, organisées comme des atlas, personnels et collectifs, témoignent d’une approche sensible et critique du déplacement, de la découverte et de la compréhension d’un territoire, d’une culture et, plus largement, de l’expérience humaine. Elles présentent des graphismes des années 1950-1970 et des couleurs surannées traduisant une volonté de mettre en images une relecture de l’histoire qui ne soit pas uniquement écrite du point de vue occidental. De l’Antiquité à la période moderne, les photomontages articulent sur un même plan les différentes civilisations : leurs splendeurs, leurs décadences, leurs responsabilités et leurs traumatismes. Le travail de M. Andrialavidrazana est le résultat d’une recherche au long cours qui vise à désamorcer les récits imposés et les non-dits en leur préférant des images critiques et réparatrices.