Guerrero, María Teresa, « Origen del arte textil colombiano contemporáneo », Historia Crítica, n° 09, 1994, p. 81-93
→Exposition de peintures naives colombiennes et de tapisseries modernes de Marlene Hoffmann, Galerie Pont Show, Paris (22 décembre 1975 – 22 février 1976), Paris, Centre de Colombie, 1976
→Traba, Marta (dir.), Tapices / Marlene Hoffmann, cat. exp., Biblioteca Luis Ángel Arango, Bogotá (1967), Bogotá, Biblioteca Luis Ángel Arango del Banco de la República, 1967
Threads to the South, ISLAA, New York, 28 mars – 27 juillet 2024
→Exposition de peintures naives colombiennes et de tapisseries modernes de Marlene Hoffmann, Galerie Pont Show, Paris, 22 décembre 1975 – 22 février 1976
→TXT, Instituto de visión, Bogotá, 28 novembre 2015 – 3 février 2016
Artiste textile colombienne.
Le parcours de Marlene Hoffmann allie rigueur conceptuelle, richesse matérielle et une esthétique inspirée du Bauhaus, adaptée au contexte culturel colombien. Son œuvre abstraite fusionne modernité internationale et traditions paysannes et autochtones.
Formée au dessin architectural au Colegio Mayor de Cundinamarca à Bogotá (1952), elle suit des cours de peinture et de sculpture entre 1953 et 1954 à l’Universidad Nacional de Colombia, puis elle intègre en 1953 aux côtés de Olga de Amaral (1932-), la Cranbrook Academy of Art à Bloomfield Hills, États-Unis, où elle découvre la philosophie Bauhaus, abolissant la hiérarchie entre art et artisanat. Le textile devient alors son médium de prédilection.
Dès les années 1960, elle développe une pratique textile innovante, à la croisée de la sculpture, du design et de l’art appliqué. En 1961, elle tisse de la soie Shantung et du coton égyptien pour créer des cravates et des châles raffinés prisés par les milieux intellectuels de Bogotá. Elle fonde en 1962 un atelier à Bogota, fidèle aux principes du Bauhaus et en quête d’une unité entre art et artisanat. En 1964, en résidence à Worpswede, Allemagne, elle approfondit sa pratique de la tapisserie et réfléchit à la manière dont les traditions artisanales du Nord peuvent inspirer une modernité sobre, fonctionnelle et spirituelle. Elle revisite la ruana, la manta Wayuu et d’autres vêtements traditionnels colombiens qu’elle transforme en créations sophistiquées, aux textures riches et aux coloris vibrants. Fibres précieuses, laines vierges d’Ubaté (Boyacá), teintures naturelles, cardages artisanaux et techniques ancestrales s’y entremêlent. Ces œuvres hybrides, à la fois vêtements et objets d’art, deviennent de puissantes déclarations esthétiques d’inclusivité, appelées à circuler dans les milieux de la mode.
À partir des années 1970 son travail évolue vers des formes géométriques épurées, où la ligne et la couleur deviennent structurantes, se rapprochant de l’Op Art. Elle s’oriente vers des installations textiles tridimensionnelles, inspirées de formes organiques. Des œuvres comme Espigas [Épis, 1970] ou Cascada [Cascade, 1970], qu’elle associe librement à une mémoire textile précolombienne, marquent une nouvelle étape sculpturale de son travail.
Dans les années 1980, le gout du design Bauhaus et de l’artisanat perd de la vitesse en Colombie. Son entreprise textile traverse une crise, et elle ferme son atelier dans les années 1990. Elle se retire de la scène artistique, donne ses métiers à tisser, et consacre ses dernières années à la lecture et à la peinture.
Pionnière de l’art textile en Colombie aux côtés d’Olga de Amaral et Stella Bernal (1932-), elle est vice-présidente de l’Asociación Colombiana de Diseñadores Textiles Contemporáneos et aide à structurer les programmes de design textile à l’Universidad de los Andes (vers 1968). Son œuvre a été montrée lors de l’inauguration du Museo de Arte Moderno de Bogotá (1963), à la Foire internationale de Berlin (1964), au Palacio de Bellas Artes, Cali (1965) et à la Galería de Arte Contemporáneo, Medellin (1965), et plus récemment dans l’exposition collective Threads to the South (2024) à l’Institute for Studies on Latin American Art, New York. Elle figure dans plusieurs collections publiques et privées, notamment au Museo de Arte Moderno de Bogotá, mais le catalogage de son œuvre reste à entreprendre.
En collaboration avec la Fondation Cartier pour l’art contemporain
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025