Cassagnau Pascale (dir.), Martine Aballéa : roman partiel, Paris, Semiose, 2009
→Martine Aballéa, Le Musée des amours, Paris, Dilecta, 2018
Hôtel passager, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 22 avril – 19 septembre 1999
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Fun House, Centre national de la photographie, Paris, 2002
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La Maison sans fin, CRAC Languedoc-Roussillon, Sète, 2012
Artiste multimédia franco-états-unienne.
« J’aime les choses qui existent “plus ou moins”. » Cette déclaration de Martine Aballéa signe un programme esthétique, mais peut-être plus encore une exigence et une façon d’être au monde. Installée à Paris en 1973, physicienne de formation, elle garde un goût pour le caractère foncièrement imaginaire des théories scientifiques. Artiste du « vraisemblable », elle conçoit des œuvres qui se situent aux confins du vrai et du faux, aux frontières de la fiction et de la réalité, dans l’entre-deux ténu de l’œuvre et du produit, du naturel et de l’artificiel. Son art est art des contagions et des mutations, à l’image de ce champignon brillant, mi-végétal, mi-minéral, se nourrissant de béton, qu’elle a simplement accroché au plafond du musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1983. Les objets, images et textes qu’elle met en scène depuis 1976 portent tous la marque de cette précarité. Ils existent dans une zone intermédiaire et incertaine, abolissant les immatriculations et les appartenances, en même temps qu’ils aspirent tous à provoquer des sentiments qui ne participent pas uniquement de la délectation esthétique. Ses propositions visuelles constituent en effet, le plus souvent, des invites pour de possibles usages, des accroches publicitaires pour de potentielles consommations.
En 1998, son Magasin fantôme du centre d’art du Parvis à Tarbes « double » celui, bien réel, du centre commercial, au sein duquel se situe l’espace d’exposition. M. Aballéa prend ainsi plaisir à mêler les réclames fantaisistes (« Produit profond indispensable » ; « Sirop de roche transparent ») à la véritable promotion d’une boisson violet clair, joliment nommée Special Night Rain [« pluie nocturne spéciale »]. Certaines boîtes de conserves méticuleusement entassées sur des tables (« Bonbons marinés » ; « Sel de tempête » ; « Mousses au sirop ») demeurent vides, alors que d’autres produits peuvent être testés (« Pommade du crépuscule » ; « Merveilleuse crème verte » ; « Onguent élémentaire ») ou même faire l’objet d’une véritable démonstration, à l’instar de cette « Bouillie brillante », dont il est possible de vérifier dans une vitrine les effets sur une éponge. En 1999, l’Hôtel passager du musée d’Art moderne de la Ville de Paris consiste en un simulacre d’hôtel, où tous les éléments (les chambres, la réception, le bar) jouent de manière ambiguë avec le vrai et le faux.