Iversen Margaret & Crimp Douglas, Mary Kelly, Londres, Phaidon, 1997
→Kelly Mary, Imaging Desire, Cambridge, The MIT Press, 1998
→Breitweiser Sabine (dir.), Mary Kelly : Rereading Post-Partum Document, Vienne, Generali Foundation, 1999
Mary Kelly, Museum of Modern Art, Oxford, 1977
→Mary Kelly, New Museum of Contemporary Art, New York, 1990
→Mary Kelly, Museo Universitario de Ciencias y Arte, Mexico, 2004
Plasticienne américaine.
Après avoir étudié les beaux-arts et la musique au College of Saint Teresa, à Winona (Minnesota), puis les beaux-arts et l’esthétique à l’institut Pie XII à Florence, Mary Kelly sort diplômée du Central Saint Martins College of Arts and Design de Londres en 1970. Dès 1968, elle travaille à Londres en tant qu’artiste, professeure, commissaire d’expositions, éditrice et écrivaine. L’émergence du mouvement féministe au Royaume-Uni, le développement de la sémiotique et de la psychanalyse, puis l’analyse marxiste féministe de la division sexuelle du travail influencent fortement son œuvre. Elle participe au collectif féministe History Group, formé en 1970, auquel appartiennent aussi les britanniques Juliet Mitchell, psychanalyste féministe, et Laura Mulvey (1941), théoricienne féministe du cinéma utilisant les outils de la psychanalyse. M. Kelly soutient alors qu’il n’existe pas de construction féminine en dehors des institutions sociales que sont la famille, le langage et la loi. La précision et la restriction formelle de ses œuvres empruntent au minimalisme, tout comme sa distanciation des discours culturels la rapproche de l’art conceptuel. Ses premiers travaux questionnent la division sexuelle du travail. Ainsi, le film expérimental en noir et blanc Nightcleaners (1970-1975), auquel elle collabore, documente la campagne qui tente de fédérer les femmes de ménage.
L’artiste interroge ensuite les moments où les femmes se constituent comme sujets du discours, observant en ethnographe certains rituels sociaux au moment de la maternité et du vieillissement. En 1976, dans son projet le plus influent, Post-Partum Document, elle analyse la relation mère-enfant pendant les quatre premières années de vie de son fils par le biais de textes, de dessins, de graphiques, d’objets et de sons. L’œuvre propose un espace signifiant pour le discours maternel en écho à la pensée française contemporaine. Entre 1984 et 1989, Interim analyse la construction féminine par le biais des femmes qui, du fait de leur âge, ne sont plus valorisées pour leurs capacités à procréer ou leur potentiel de fétichisation. Les discours sur le corps, la structuration de la famille dans son rapport à l’argent, leur position au sujet de l’histoire des femmes et face aux statistiques sur leur pouvoir forment le tissu de son œuvre. En 1989, elle quitte Londres pour New York. Ses intérêts s’orientent alors vers une relecture des liens de domination dans des situations de conflits armés : la guerre du Golfe et les effets traumatisants des atrocités des guerres, les germes de l’endoctrinement nationaliste chez un enfant albanais du Kosovo. En 2005, l’installation Love Songs exposée à la Documenta XII de Kassel (Allemagne) marque le renouveau de son intérêt pour le féminisme et la mémoire collective. En 2012, elle présente Mimus, sorte de mini-documentaire en trois actes, parodiant l’idéologie de la guerre froide.