Giuti Lorenzo (dir.), Gatti Chiara, Paolo Campiglio, Macel Christine, Sacchini Paolo, Regina Cassolo Bracchi, cat. d’exp., Galleria d’Arte Moderna e Contemporanea, Bergame, (28 avril – 19 septembre 2021), Bergame, GAMeC, Paris, Centre Pompidou, 2021
Exposition personnelle, Château de Sartirana, Sartirana, 1991
→Exposition personnelle, Casa del Mantegna, Mantoue, 1990
→Exposition personnelle, Galleria Civica, Modène, 1979
Sculptrice italienne.
La légèreté de la matière et le dynamisme des formes caractérisent le travail de Regina Cassolo Bracchi. Après une formation académique, la sculptrice italienne signe ses premières œuvres d’avant-garde à l’aube des années 1930, déjà fortement attirée par un langage synthétique et par l’usage de nouveaux matériaux : l’aluminium, le fil de fer, la tôle, l’étain ou le papier de verre. Le fragile Sofà (Riposo) de 1931-1932, publié par Edoardo Persico dans La Casa Bella, manifeste son intuition : le désir de capturer l’espace autour de la forme et d’en déplacer les volumes dans l’air. Ses sculptures futuristes, comme Aerosensibilità ou L’amante dell’aviatore, réalisées après son adhésion au Manifeste technique de l’aéropeinture futuriste de 1934, font voler en éclat les profils de la silhouette, donnant au corps une dimension spatiale.
R. Cassolo Bracchi choisit précisément l’aluminium pour soustraire à la matière ces masses libérées des conventions plastiques de la sculpture traditionnelle. Informée des dernières expériences au niveau international, elle combine les motifs d’un monde mécanique à la Fortunato Depero (1892-1960) aux enchevêtrements des niveaux inspirés d’un Alexander Archipenko (1887-1964). Des patrons criblés d’épingles, classiques dans la pratique des tailleurs, sont mis au service de ses tôles pliées comme des mouchoirs et d’une extrême légèreté. De telles structures aériennes s’épanouissent durant sa phase futuriste pour aboutir ensuite à la recherche inépuisable de ses sculptures concrètes.
Portée sans cesse davantage dans les années 1940 vers l’abstraction et la géométrie – héritière des leçons de Giacomo Balla (1871-1958) mais séduite par les équilibres parfaits de László Moholy-Nagy (1895-1946) – R. Cassolo Bracchi mène à bien de nouvelles recherches sur la matière, en apportant des media inédits comme le Plexiglas, l’acétate ou encore le Rhodoïd. La petite Struttura de 1949 est le premier exemple d’un usage différent du Plexiglas transparent où l’on retrouve le style du Movimento per l’arte concreta (MAC), né à Milan en 1948, dont R. Cassolo Bracchi s’est rapprochée, introduite par Bruno Munari (1907-1998), en 1951.
Des formes épurées, en germe, cercles ou ellipses, mêlées à de simples figures géométriques, triangles ou losanges, donnent naissance à son abstractionnisme radical, à des compositions mouvantes, flexibles, vibrantes, synthèses ultimes de motifs inspirés du règne végétal et des règles inhérentes à la nature. Géologie d’une part ; évocations spatiales de l’autre. Des œuvres telles que Sputnik de 1952 et sa série de croquis, dénotent le mirage de la course à la Lune, l’élan vers une sphère cosmique, que R. Cassolo Bracchi résume en une traînée ou une trajectoire. Un geste dans le vide, un dessin dans les airs (avec du fil de fer), synchronie idéale entre les lignes de force d’une matrice futuriste et le spatialisme naissant de Lucio Fontana (1899-1968).
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021