Tarrab Joseph, Schoukair Hala, Kahl Helen & Aswad Jack, Saloua Raouda Choucair: Her Life and Art, Dar An-Nahar, 2002
→Morgan Jessica (dir.), Saloua Raouda Choucair, cat. expo., Tate Modern, Londres (17 avril – 17 novembre 2013), Londres, Tate Publishing, 2013
Retrospective, Saloua Raouda Choucair, Beirut Exhibition Center, Beyrouth, 2011
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Saloua Raouda Choucair, Tate Modern, Londres, 17 avril – 17 novembre 2013
→Saloua Raouda Choucair: The Meaning of One, The Meaning of the Multiple, Mathaf Arab Museum of Modern Art, Doha, 2015
Sculptrice et peintre libanaise.
Saloua Raouda Choucair est considérée comme l’une des premières artistes abstraites au Liban. Son activité, qui s’étend des années 1940 aux années 1990, inclut non seulement peinture et sculpture, mais aussi objets du quotidien, bijoux, illustrations et maquettes architecturales, dont la somme compose une œuvre qui s’affranchit de toute catégorisation.
La pratique qu’elle développe est influencée par son intérêt pour l’histoire arabe et islamique. Bien que non croyante, elle s’inspire des réflexions et des idées des penseurs de l’islam, notamment celles des philosophes soufis. Selon elle, le rejet de l’art figuratif par l’islam montre que de nombreuses régions du monde arabe ont une sensibilité et un penchant naturel pour l’abstraction. Elle estime que ce rejet de la forme détermine la recherche de l’essence de ce qui doit être exprimé et constitue un aspect fondamental de la compréhension de la pensée intellectuelle arabe.
S. R. Choucair n’entame sa carrière d’artiste qu’à l’âge de 30 ans environ, bien qu’elle ait auparavant reçu des cours particuliers d’Omar Onsi (1901-1969), l’un des peintres majeurs de l’époque, et fait partie du club artistique animé par Moustafa Farroukh (1901-1957) lorsqu’elle était bibliothécaire à l’Université américaine de Beyrouth. Elle fait des études à l’Institut universitaire américain des femmes (qui deviendra par la suite l’Université américaine du Liban), où elle choisit un cursus en sciences naturelles à la suite duquel elle enseigne quelque temps à Kirkouk, en Irak, avant de revenir au Liban. C’est aussi à cette époque, en 1944, qu’elle voyage en Égypte, dont l’architecture et l’art l’influenceront durablement.
En 1948, S. R. Choucair s’installe à Paris, où elle étudie à l’École nationale supérieure des beaux-arts et entre pour trois mois dans l’atelier de Fernand Léger (1881-1955). Mais, déçue par le type d’abstraction avec lequel Léger restitue le monde perçu, elle s’en éloigne afin de développer sa propre approche. Elle figure ensuite parmi les premiers membres de l’Atelier d’art abstrait, présente sa première exposition individuelle à la galerie Colette Allendy et montre ses œuvres au Salon des réalités nouvelles en 1951, avant de rentrer à Beyrouth.
Au Liban, elle poursuit sa recherche sur les concepts de l’histoire islamique et réalise les séries Trajectoire d’une ligne (années 1950), réflexion en peinture et en sculpture sur l’aptitude de la ligne à créer de la forme, et Interform (années 1960), sculptures prenant en compte les rythmes internes de l’espace géométrique. Mais peut-être est-elle davantage connue pour ses séries Poèmes (années 1960) et Couplets (années 1960), qui explorent l’expression formelle de la poésie arabe dite qasida.
En tant que sculptrice, elle imagine des pièces susceptibles d’être reproduites à diverses échelles et adaptées en divers matériaux. Elle travaille le bois, la pierre, le métal, la fibre de verre et la terre cuite ; le plus souvent, elle modèle d’abord ses formes en terre cuite, avant de les réinterpréter dans d’autres matières. Elle croit aux multiples possibilités qu’offre l’art et s’attache à sonder ce vaste domaine à travers une exploration de l’infini et la conception d’œuvres dont l’échelle s’étend du minuscule et du personnel (bijouterie) au monumental. Elle nourrit l’espoir de voir ses sculptures occuper l’espace public de toutes les capitales du monde arabe.
Les œuvres de S. R. Choucair sont présentes notamment dans les collections de la Tate Modern (Royaume-Uni), du Metropolitan Museum of Art (États-Unis), du Mathaf – Arab Museum of Modern Art (Qatar), du Sursock Museum (Liban), de la Sharjah Art Foundation et de la Barjeel Art Foundation (Émirats arabes unis). Parmi ses commandes publiques, deux sont exposées dans le centre-ville de Beyrouth, une autre se trouve à l’Université américaine de Beyrouth et une dernière au Mathaf, à Doha.