Kasumi Kudō (dir.), Hageshii mono, Moeru mono, Kyōretsu na mono: Akutagawa Saori, Shōgai to Sakuhin [L’Ardent, le flamboyant, l’intense : la vie et l’œuvre de Saori Akutagawa], cat. exp., galerie Nukaga, Tokyo, 20 mai – 3 juillet 2024, Tokyo, The Tokyo Shimbun, 2024
→Kasumi Kudō, « Le parcours de Saori Akutagawa (Madokoro) », dans Exposition Saori Akutagawa, cat. exp., Musée des beaux-arts de Yokosuka, 14 février – 22 mars 2009, Yokosuka, Musée des beaux-arts de Yokosuka, p. 10-15
→Reiko Kokatsu, « Les artistes femmes japonaises d’avant-garde et les textiles : autour de Saori Akutagawa (Madokoro), Yukiko Katsura et Yayoi Kusama », Rapport annuel de l’Institut d’études féminines de l’Université des jeunes filles Kawamura Gakuen, no 4, 2007, p. 17-27
Hageshii mono, Moeru mono, Kyōretsu na mono: Akutagawa Saori, Shōgai to Sakuhin [L’Ardent, le flamboyant, l’intense : la vie et l’œuvre de Saori Akutagawa], galerie Nukaga, Tokyo, mai-juillet 2024
→Exposition Saori Akutagawa, Musée des beaux-arts de Yokosuka, février-mars 2009 ; musée Setsuko Migishi, Ichinomiya, mai-juin 2009
→Les femmes artistes d’avant-garde entre 1950 et 1975, Musée préfectoral des beaux-arts de Tochigi, Utsunomiya, juillet-septembre 2005
Peintre japonaise.
Après des études secondaires au Deuxième Lycée départemental pour jeunes filles de Tokyo, Saori est admise dans la section de chant de l’École de musique de Tokyo (aujourd’hui rattachée à l’Université des beaux-arts de Tokyo), dont elle sort diplômée au lendemain de la guerre en 1947. L’année suivante, elle épouse son camarade d’université, le compositeur Yasushi Akutagawa (1925-1989), dont elle prend le patronyme. Au début des années 1950, elle s’intéresse à l’art floral japonais ikebana, et s’exerce à la technique de teinture de tissu à la cire résistante (rōketsu-zome, sorte de batik japonais) et à la peinture à l’huile. En effet, depuis son mariage, elle s’abstient de chanter à la maison et abandonne l’idée de faire une carrière lyrique, et elle reprend la peinture, qu’elle aimait pratiquer quand elle était lycéenne. Elle étudie la teinture à la cire auprès de Michikata Noguchi, et s’inscrit à l’atelier de peinture à l’huile de Gen’ichirō Inokuma (1902-1993). Quelques années plus tard, en 1954, accompagnant son époux en tournée, elle entreprend un voyage de trois mois qui l’emmène en Chine, en Union soviétique et en Europe de l’Est : cette expérience tisse les bases de sa série d’œuvres inspirées de thèmes folkloriques.
En 1954, deux de ses œuvres sont retenues au 6e Salon des indépendants du Japon (où elle continue d’exposer jusqu’à la 9e édition), tandis que la 4e Exposition d’art moderne qui se tient la même année accepte l’intégralité des dix toiles qu’elle soumet et lui décerne le Prix du jeune talent (elle participe à cette exposition l’année suivante également.) Toujours en 1954, elle organise sa première exposition en solo à la galerie Yōseidō de Ginza à Tokyo, grâce à l’entremise de Shūzō Takiguchi (1903-1979), qui la recommande vivement dans un article. C’est ainsi qu’elle fait des débuts prometteurs dans le monde de l’art japonais, soutenue par une critique très favorable. La galerie Yōseidō l’invite à participer à une Exposition de 7 femmes peintres, aux côtés notamment de Machi Abe (1926-1993), de Tomoko Onosato (1931-1993) ou encore de Yayoi Kusama (née en 1929). En 1955, recommandée par Tarō Okamoto (1911-1996), elle rejoint l’Association Nika, et lors du 40e Salon Nika, elle expose plusieurs toiles teintes à la cire dans la salle Okamoto, dont Femme (B) (1955), Femme XI (1955) et autres, et obtient le Prix spécial du jury. Elle expose ensuite régulièrement au Salon Nika jusqu’à sa 43e édition. Dans sa deuxième exposition en solo, cette fois-ci à la galerie Matsumura, elle présente une série de batiks illustrant le folklore. C’est à cette époque que S. Akutagawa met au point une technique de teinture à la cire propre à une expression picturale, lui ouvrant ainsi la voie à une création aux couleurs vives totalement originale. C’est le début de sa série de visages de femmes exprimant le rire, la colère, les pleurs, la détresse, le trouble, etc., pour progressivement s’inspirer de la mythologie japonaise et illustrer la naissance des dieux et les légendes sur la création du Japon. En septembre 1955, elle est profondément marquée par une exposition sur l’art mexicain qui se tient au Musée national de Tokyo. Son œuvre est également présentée cette année-là dans l’Exposition 1955 des jeunes talents d’aujourd’hui au Musée d’art contemporain de Kanagawa.
L’année 1956 est également riche en créativité : elle participe à la 1e Exposition à quatre mains avec Tatsuo Ikeda (1928-2020), On Kawara (1932-2014) et Taizō Yoshinaka (1928-1985) à la galerie Satō ; son Susanoo-no-mikoto en pleurs (peinture teintée, ca. 1956) est présenté à la 4e Exposition d’art pour la paix, tandis que le 41e Salon Nika exposa Mythe—La Naissance des divinités (peinture teintée, 1956). L’exposition Art d’aujourd’hui à travers le monde retient la Persécution des huit cents dieux (peinture teintée, ca. 1956), et la 2e Exposition à quatre mains présente L’extermination des poissons venimeux par Yamato Takeru (peinture teintée, 1956) et L’Envol vers les cieux—d’après un conte folklorique (peinture teintée, 1956). Toutes ces œuvres sont des peintures en batik. S. Akutagawa poursuit sur sa lancée en 1957, année où elle atteint l’apogée de sa série mythologique, avec un très grand format, D’après le Kojiki (1957), une teinture faisant 1,76 m sur 13,46 m présentée lors de sa 3e exposition personnelle à la galerie Muramatsu. Elle reçoit également cette année-là le prix Funaoka à l’occasion de la 11e Exposition de l’Association des femmes peintres.
Mais cet exceptionnel dynamisme en tant que peintre a raison de sa vie familiale. En avril 1958, elle divorce, laissant ses deux enfants à la garde de Y. Akutagawa. En septembre de l’année suivante, elle s’envole pour les États-Unis où elle suit une formation en graphisme au Art Center College of Design de Los Angeles jusqu’en septembre 1960, date à laquelle elle déménage à New York. Elle participe alors sous son nom de jeune fille Saori Yamada à l’Exposition des femmes peintres nippo-américaines au Riverside Art Museum, où des œuvres d’autres artistes japonaises vivant alors aux États-Unis, comme Yukiko Katsura (1913-1991) ou Y. Kusama, sont également exposées. En 1961, S. Akutagawa étudie la peinture à l’huile avec Will Barnet (1911-2012) à la Art Student League de New York : elle abandonne alors la teinture pour se consacrer à des représentations abstraites du corps humain à l’huile. De retour au Japon en 1962, elle présente sa création américaine à la galerie Shōwa de Kyoto dans ce qui est sa 4e exposition personnelle. Elle se remarie l’année suivante avec l’architecte Yukio Madokoro (1930–1998), avec qui elle voyage aux États-Unis. Elle reste active au sein de l’Association des femmes peintres puisqu’elle expose dans son salon de la 17e à la 19e édition. Mais avant d’avoir pu pleinement donner une nouvelle orientation à sa peinture, poursuivant sa quête sur une palette limitée de couleurs allant du noir au rouge et du vermillon au mauve, elle meurt le 31 janvier 1966 d’hypertension gravidique, à l’âge de 41 ans. Cette année-là, la galerie Muramatsu organise une rétrospective de son œuvre, et une autre a lieu en 1973 au Central Museum Ginza.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Artistes femmes au Japon : XIXème – XXIème siècle »
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