Simon Joan, Susan Rothenberg, New York, H. N. Abrams, 1991
→Maxwell Rachel Robertson (dir.), Susan Rothenberg, the prints : a catalogue raisonné, Philadelphie, P. Maxwell, 1987
Susan Rothenberg, Tate Gallery, Londres, 21 novembre – 20 janvier 1985
→Susan Rothenberg, paintings from the nineties, Museum of Fine Arts, Boston, 19 novembre 1999 – 17 janvier 2000
Peintre états-unienne.
Susan Rothenberg a suivi des études de sculpture à la State University de New York. Danseuse et assistante de Joan Jonas (1936) et Nancy Graves à partir de 1970, elle s’initie à l’art de la performance et crée un pont entre l’esthétique du minimalisme et le langage de l’émotion corporelle. En 1971, elle se marie avec l’artiste George Trakas. Qualifiée de néo-expressioniste, néo-impressioniste, surréaliste ou même de futuriste, elle a été rattachée au new image painting, un mouvement réconciliant une impulsion nouvelle donnée à la figuration et aux contenus symboliques avec la rigueur de l’abstraction minimaliste. Ses premières expositions personnelles ont lieu à la Kunsthalle de Bâle, au Stedelijk Museum d’Amsterdam, au Los Angeles Country Museum of Art et à la Phillips Collection, à Washington. En 1978, elle participe à l’exposition New Image Painting, au Whitney Museum, et en 1992, à la Documenta 9 de Kassel. Son travail explore de manière intuitive les relations entre la couleur et la surface, le corps et l’espace. Ses images, thèmes et symboles sont aussi provocants que signifiants : la sexualité y est très présente. Elle maintient le principe moderniste de l’espace-plan et y ajoute une image inattendue, comme celle du cheval, motif choisi pour son aspect à la fois « assez neutre » mais fort. Le dessin, qui apparaissait aussi dans ses peintures, joue un rôle clé dans le processus de création de l’image, qui justifie plusieurs étapes de contours. Le corps étant au centre de son travail, S. Rothenberg traite de façon radicale les sujets figuratifs, auxquels elle donne une dimension psychologique. First Horse, son premier cheval de petites dimensions, est peint à la tempera sur toile. De couleur terre de Sienne pâle, la figure, parfaitement plane, tracée d’un contour qui la différencie à peine d’un fond abstrait, est coupée en deux par une ligne verticale traversant la toile. Le procédé se répète et la ligne devient un principe de construction de l’image. Selon une économie minimaliste, l’artiste dit chercher à se représenter « exactement ce qu’est une toile ». Récurrent jusqu’en 1980, le motif du cheval réapparaît dans les années 1990. Par ailleurs, après son mariage avec l’artiste Bruce Nauman en 1989, elle s’initie à l’équitation et déménage dans un ranch, à New Mexico.
Dans le même temps, elle peint des corps en mouvement, comme par exemple Mary (1974, acrylique sur toile), dont elle réalise des photographies avant de la représenter dans des diptyques. Avec Squeeze (1978- 1979, acrylique sur toile), elle inaugure ses premiers travaux sur les corps fragmentés : elle assemble, à la manière d’un jeu, une tête de cheval aux oreilles tronquées qui semblent prises entre ses deux pattes peintes à l’envers ; le rendu est un simple trait noir sur peinture blanche. En 1980, période de transition, elle peint des têtes de profil, comme elle l’avait fait pour ses premiers chevaux ; puis elle réalise des autoportraits représentant le peintre à travers deux attributs essentiels : la main et la tête – la main insérée à l’intérieur de la tête –, les deux formes s’interpénétrant. En 1981, elle commence à travailler la peinture à l’huile. L’association tête/main dans ses Black Head évoque les graffitis d’un Basquiat. À travers toutes ces toiles, elle refuse la synthèse. Dans les années 1990, la perspective se modifie : elle réintroduit la figure du cheval, non pas comme un élément formel à travers lequel elle viserait l’essence de la peinture, mais comme un élément vivant. La représentation du mouvement est rendue par la multiplication des figures. Souvent, seules les jambes des chevaux sont représentées, dans un cadrage très spécifique. Son lien à la figure la rapproche d’un Philip Guston : une figure fragmentée, toujours délimitée par un large trait et comme flottant dans l’espace du tableau. Elle réalise aussi des portraits de Mondrian en 1984, dans lesquels elle reprend une touche expressionniste. Influencée par des artistes expressionnistes abstraits, tels que de Kooning ou Pollock, elle utilise la couleur comme composante essentielle de son exploration de la relation entre figure et fond. Le travail de S. Rothenberg s’inscrit donc dans une nouvelle forme d’expressionnisme psychologique, mais à la différence de Baselitz, Schnabel, Kiefer et Salle, il ne fait référence à aucun mouvement de l’histoire de l’art.