Susanne Wenger, The Sacred Groves of Oshogbo, Augustine Merzeder, 1990
→George B. Ejebare, Susanne Wenger – Her House and Her Art Collection, Lagos, The Adunni Olorisha, 2006
→Paola Caboara Luzzatto, Susanne Wenger – artista e sacerdotessa, Florence, MEF Firenze Atheneum, 2009
Susan Wenger. On the banks of a Sacred River in Africa, Kunsthalle Krems, 2004
→Between the Sweet Water and the Swarm of Bees: A Collection of Works by Susanne Wenger, Le Michael C. Carlos Museum à l’Université d’Emory, Atlanta, janvier – mai 2016
→Graphics and Adire Batik, Susanne Wenger Foundation, Krems, avril 2019 – avril 2020
Peintre et sculptrice autrichienne.
Susanne Wenger est sans doute l’une des artistes les plus versatiles de l’art moderne autrichien. De surcroît, sa production artistique a considérablement contribué à établir les canons de l’art moderne nigérian. Son œuvre présente une incroyable diversité de médiums et de techniques, du dessin photoréaliste au croquis surréaliste, de la peinture à l’huile au batik, en passant par la sculpture monumentale.
S. Wenger étudie à la Kunstgewerbeschule de Graz de 1927 à 1930, à l’Institut expérimental de Vienne en 1932, puis à l’Akademie der bildenden Künste de cette même ville de 1933 à 1937. Elle est l’une des fondatrices de l’Art-Club viennois en 1946. En 1949, elle fait la connaissance du linguiste allemand Ulli Beier à Paris. Cette rencontre marquera un tournant décisif dans sa vie personnelle et artistique. En 1950, le couple quitte l’Europe et s’installe au Nigeria, où S. Wenger, contrairement à U. Beier, vivra et travaillera toute sa vie. Elle participe à l’organisation d’expositions, notamment celles que proposent le Mbari Mbayo Club et plusieurs centres culturels pour écrivain·e·s, artistes et musicien·ne·s à Ibadan et Osogbo. Mais c’est avant tout son engagement dans la religion et la culture yorubas qui jouera un rôle crucial dans son évolution artistique. En effet, S. Wenger se convertit à la religion yoruba et devient une importante figure spirituelle parmi les fidèles d’Osogbo. Dans les années 1960, elle fonde le New Sacred Art Movement, un mouvement composé de jeunes artistes yorubas, tels Adebisi Akanji (né en 1930), Buraimoh Gbadamosi (1938-2014) et Kasali Akangbe (né dans les années 1940), qui se consacrent à la réhabilitation de la forêt sacrée – traversée par la rivière Osun à Osogbo et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2005 – et déploient leurs propres formes d’expression artistique. S. Wenger et ses collaborateurs et collaboratrices utilisent comme matériau principal le ciment, qu’il·elle·s coulent en sculptures aux lignes fluides, dynamiques et spontanées en hommage aux divinités yorubas. D’après, S. Wenger, l’art est rituel : les sculptures créées et les sanctuaires restaurés par le collectif se doivent donc d’être nouveaux, innovants et, de ce fait, modernes, sans quoi ils ne peuvent correctement honorer les dieux.
Grâce aux idées de S. Wenger inspirées du surréalisme, auxquelles se mêle l’apport spirituel de ses pairs, les membres du groupe inventent à Osogbo une nouvelle manière de témoigner, à travers l’art, leur reconnaissance aux divinités des sanctuaires. Les concepts anthroposophiques et surréalistes qui avaient auparavant irrigué la pratique de S. Wenger en Autriche ont sans doute considérablement influencé son penchant pour des matériaux tels que le ciment, la céramique et le béton, ainsi que sur les formes qu’elle développe au sein de la forêt sacrée.
Les œuvres de S. Wenger ont fait l’objet de multiples expositions personnelles et collectives en Autriche et dans le monde entier. En 1984, le Goethe-Institut de Lagos présente Susanne Wenger: Batiks and Oil Paintings ; six ans plus tard se tient Susanne Wenger. Ein metaphysisches Abenteuer à l’Iwalewahaus à Bayreuth, en Allemagne. En 2001-2002, l’exposition itinérante The Short Century: Independence and Liberation Movements in Africa, 1945-1994, organisée par Okwui Enwezor, inclut son œuvre Yemoja (1958), une toile en batik adire, qui représente l’une des divinités aquatiques majeures, esprit protecteur des femmes dans la religion yoruba.
Publication réalisée dans le cadre de la Saison Africa2020.
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