« Teresa Tyszkiewicz. Jedno ukłucie szpilki otwiera otchłań » [Teresa Tyszkiewicz. Un coup d’épingle ouvre l’abîme – un entretien], in: Wiesława Wierzchowska, Autoportrety [Autoportraits], Warsaw, Interster, 1991, pp. 214-222
→Teresa Tyszkiewicz: szpilki [épingles], cat. exp., Zachęta, Warsaw, 1998
→Teresa Tyszkiewicz. Day after Day, brochure, Łódź, Art Museum in Łódź, 2020
Teresa Tyszkiewicz: Szpilki, malarstwo, rzeźba, obrazy-obiekty, Zachęta the National Gallery, Warsaw, October – November 1998
→Teresa Tyszkiewicz – Épingle, Galerie Anne de Villepoix, Paris, September – November 2017
→Teresa Tyszkiewicz: Dzień po dniu, Muzeum Sztuki, Łódź, May – October 2020
Cinéaste, performeuse et artiste multimédia polonaise.
Teresa Tyszkiewicz sort diplômée de la faculté de génie mécanique de l’École polytechnique de Varsovie en 1978. Elle fait son entrée dans le monde de l’art au cours de la deuxième moitié des années 1970 en jouant dans le film Goalkeeper [Gardien de but, 1975-1977], un projet du cinéaste et photographe Zdzisław Sosnowski (né en 1947). Avec ce dernier, elle réalise plusieurs films en 16 mm, parmi lesquels Stałe zajęcie [Poste permanent, 1979] et Druga strona [L’Autre Côté, 1980]. Ces œuvres sont considérées comme une représentation du couple de l’artiste et une démonstration d’amour, imprégnées de l’imaginaire érotique des médias occidentaux (presse et télévision) qui déferlait sur la Pologne.
En 1978, T. Tyszkiewicz se met à travailler à son œuvre propre et réalise des films où son corps sert de lieu d’expérimentation en lien avec les matières et les objets environnants : on citera Dzień po dniu [Jour après jour, 1980], Ziarno [Grain, 1980] et Oddech [Souffle, 1981]. Son jeu (elle touche des grains ou des fourrures) et les mouvements de la caméra évoquent des films érotiques, des publicités sensuelles ou des scènes de cinéma hollywoodien créant une tension sexuelle.
De 1978 à 1981, T. Tyszkiewicz se montre active parmi les artistes qui gravitent autour de la galerie Współczesna à Varsovie. Elle cofonde l’association de cinéastes Remont (1980). Outre des films, elle réalise des performances, des dessins et des peintures.
En 1982, T. Tyszkiewicz et son époux Z. Sosnowski (mariés depuis 1977) émigrent en France et s’installent à Paris. C’est là que l’artiste développe sa propre technique à l’aide d’épingles. Elle en plante des milliers dans du papier, de la toile et d’autres matériaux. Elle complète parfois la pièce réalisée par de la peinture ou des matières, comme de la ouate. Au départ, T. Tyszkiewicz s’en tient à de grands formats en deux dimensions, mais, peu à peu, elle se met à créer des compositions spatiales à l’aide de bois brut, de métal et d’objets recyclés. Ces œuvres manifestent l’effort physique de l’artiste dans leur création. En quarante ans de carrière environ, on peut retracer l’évolution des supports utilisés ; toutefois, la cohérence artistique de l’œuvre est frappante. T. Tyszkiewicz décrit son travail comme radicalement subjectif, fondé sur l’intuition et sur l’expérience de son corps. La relation sensuelle de l’artiste avec la matière, entre adoration et combat, est particulièrement évidente.
Jusqu’ici, l’œuvre de T. Tyszkiewicz a été envisagée sous l’angle du cinéma expérimental de la néo-avant-garde et de l’art féministe, bien que l’artiste elle-même n’ait jamais évoqué d’alliance avec le féminisme. Elle insiste sur l’individualisme et la confiance en sa propre expérience corporelle plutôt que sur un éventuel intérêt pour le contexte social ou politique.
T. Tyszkiewicz est morte peu de temps avant l’ouverture de sa rétrospective au musée d’Art de Łódź en Pologne. Ses œuvres se trouvent aujourd’hui dans des collections publiques et privées, comme celles du Centre Pompidou, du musée d’Art moderne de Paris, du musée de la Manufacture Bohin, du musée d’Art de Łódź et de la galerie nationale d’Art Zachęta et du musée d’Art moderne de Varsovie.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022