Cha, Theresa Hak Kyung, Exilée and Temps Morts, Berkeley, University of California Press, 2022
→Kim, Elaine H., Alarcón Norma (dir.), Writing Self, Writing Nation: A Collection of Essays on Dictée by Theresa Hak Kyung Cha, Berkeley, Third Women Press, 1994
→Cha, Theresa Hak Kyung, Dictée, New York, Tanum Press, 1982
Theresa Hak Kyung Cha: audience distant relative, Hessel Museum of Art, Annandale-on-Hudson, 2 avril – 29 mai 2022
→Theresa Hak Kyung Cha: Displacements, The Cleveland Museum of Art, Cleveland, 30 janvier – 8 avril 2018
→The Dream of the Audience: Theresa Hak Kyung Cha (1951–1982), The University of California, Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive, Berkeley, 12 septembre – 16 décembre 2001 ; University of California, University Art Gallery and Beall Center for Art and Technology, Irvine, 20 janvier – 10 mars 2002 ; The Bronx Museum of the Arts, New York, 4 avril – 16 juin 2002 ; University of Illinois, Urbana-Champaign, Krannert Art Museum et Kinkead Pavilion, 20 août – 3 novembre 2002 ; University of Washington, Henry Art Gallery, Seattle, 6 décembre 2002 – 2 mars, 2003 ; Samzie Space, Séoul, 6 mai – 29 juin 2003
Artiste conceptuelle, autrice et cinéaste coréo-états-unienne.
L’œuvre novatrice de Theresa Hak Kyung Cha brouille les limites entre art conceptuel, littérature et cinéma. Performeuse et artiste multimédia, T. Cha aborde les thèmes du déplacement, du langage et de l’identité interculturelle à travers un corpus d’œuvres interdisciplinaire. Son travail trace des lignées féministes à la croisée de plusieurs médias, souvent construit autour du mot écrit pour mettre en avant la capacité du langage à façonner l’identité ainsi que les limites intrinsèques de celui-ci. T. Cha est polyglotte : dans son enfance, elle parle le coréen, puis immigre avec sa famille à l’âge de 12 ans aux États-Unis, où elle acquiert l’anglais et commence à apprendre le français, qu’elle continue à étudier à l’University of California, à Berkeley (1969-1979), puis à Paris (1976). La famille de T. Cha est plusieurs fois contrainte au déracinement pour fuir l’occupation japonaise de la Corée et la guerre de Corée. Sa mère a grandi en Mandchourie, sa famille s’est ensuite réinstallée en Corée puis a finalement déménagé aux États-Unis, à San Francisco.
T. Cha obtient quatre diplômes en littérature comparée et en art à Berkeley, et commence sa pratique artistique à cette époque, réalisant des performances telles que Barren Cave Mute (1974). Dans cette œuvre, les trois mots du titre sont écrits sur de longs morceaux de papier ciré et sont lentement révélés lorsque la flamme d’une bougie fait fondre la cire. Dans une œuvre vidéo en noir et blanc de huit minutes intitulée Mouth to Mouth (1975), une bouche forme un « O » puis se referme et des mots anglais et coréens apparaissent à l’écran, évoquant l’apprentissage du langage en lien avec la construction de l’identité.
Lorsque les parents de T. Cha étaient enfants, sous la domination japonaise, il était interdit de parler le coréen. L’artiste offre une réflexion sur de tels effacements linguistiques dans son œuvre majeure, Dictée, publiée en 1982. Qualifiée tantôt de livre d’artiste, tantôt de roman expérimental ou de recueil de poèmes, Dictée défie les catégorisations, tout comme T. Cha elle-même s’est faufilée entre les identités. Faisant preuve d’une complexité radicale, Dictée offre une réflexion sur le déplacement, la migration et le langage qui a occupé toute la vie de T. Cha. Écrite en anglais et en français, avec des caractères coréens et japonais présents dans des images accompagnant le texte, l’œuvre explore ces thèmes en combinant photographies historiques et textes dans le style du collage. En neuf sections nommées d’après chacune des Muses grecques, Dictée invoque des figures de combattantes telles que Jeanne d’Arc, la révolutionnaire coréenne du début du XXe siècle Yu Gwan-sun, la mère de T. Cha et l’artiste elle-même.
T. Cha s’installe à New York en 1980 et épouse le photographe Richard Barnes (né en 1953) en 1982. Le 5 novembre 1982, alors qu’elle se rend au Puck Building, à Manhattan, pour y retrouver R. Barnes, elle est violée puis assassinée par un gardien de l’immeuble. Sa vie subitement fauchée par cette mort tragique, ce n’est que de manière posthume que T. Cha atteint la reconnaissance pour l’œuvre poétique prolifique qu’elle a produit durant sa carrière.
En avance sur son temps, son travail a ouvert la voie à la génération suivante d’artistes asiatico-états-uniennes qui ont pu assumer la création d’œuvres nuancées, intellectuellement exigeantes et ouvertement conceptuelles, en laissant à leurs identités libre cours afin d’enrichir leurs pratiques.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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