Waldberg, Patrick, Tiraje: Zamanların Hafızası. Les traces mémoriales, Istanbul, Norgunk, 2002
→Yılmaz, Levent, Ural, Murat, Tiraje, Istanbul, Millî Reasürans Sanat Galerisi, 1996
→Waldberg, Patrick, Tiraje: Zamanların Hafızası. Les traces mémoriales, Ankara, Gallery Nev Publications, 1987
Tiraje, Galeri Nev, Ankara, novembre 2002
→Tiraje, Millî Reasürans Sanat Galerisi Istanbul, janvier – février 1996
→Tirajé, Galerie Édouard Loeb, Paris, juin 1960
Peintre turque.
Tiraje Dikmen, plus connue sous le nom de Tiraje, est l’une des artistes pionnières de l’École de Paris en période d’après-guerre. Sa pratique privilégie toujours le dessin à la peinture, et son style original se nourrit d’un mélange de formes et de techniques abstraites et surréalistes. Elle débute sa pratique artistique dès son jeune âge, mais décide néanmoins de faire des études d’économie à l’université d’Istanbul selon le souhait de ses parents. Une fois son diplôme obtenu, elle suit des cours à l’Académie des beaux-arts d’Istanbul de 1946 à 1947. Le directeur du département de peinture de l’époque, Léopold Lévy (1882-1966), confie à Tiraje, qui a pris des cours de français depuis l’enfance, le soin de traduire ses cours en turc. En parallèle, elle s’inscrit en doctorat d’économie et choisit comme sujet de thèse les conditions de travail des ouvrières d’Istanbul.
Grâce à une bourse d’études française, Tiraje se rend à Paris en 1949 afin de poursuivre son doctorat. Elle préfère néanmoins passer la plupart de son temps à l’atelier de L. Lévy. Elle suit également des cours d’histoire de l’art et de muséologie à l’École du Louvre et effectue un stage au département des estampes et dessins au musée du Louvre.
Sa première exposition individuelle se tient en 1956 à la galerie Édouard Loeb à Paris. Cette exposition consacrée à ses dessins marque un jalon dans sa carrière : le succès de ses œuvres auprès des milieux artistiques parisiens l’amènent à côtoyer de nombreux artistes, critiques et écrivains, dont Max Ernst (1891-1976), Jacques Lassaigne, Yves Bonnefoy, Charles Estienne et Germain Bazin. Après s’être consacrée uniquement au dessin pendant une décennie, Tiraje décide de se lancer dans la peinture à l’huile. En 1964, l’un de ses tableaux, L’Homme Fleur, est présenté à l’occasion d’une célèbre exposition surréaliste, Le Surréalisme. Sources – Histoire – Affinités. Dans le catalogue, le commissaire d’exposition Patrick Waldberg présente l’artiste comme « l’une des figures les plus douées de la jeune peinture imaginaire ». Mais, outre ses penchants surréalistes, Tiraje s’intéresse également à l’abstraction. Tout en pratiquant dans ses dessins la méthode de l’automatisme surréaliste, elle repousse les limites de l’abstraction à travers son geste pictural unique. Une série telle que Mai 68 (1968) offre une démonstration magistrale de la façon dont la linéarité du mouvement transforme abstraitement la dynamique figurative des manifestants.
Tiraje hérite de l’atelier de L. Lévy et vit à Paris jusque dans les années 1980. Elle emménage ensuite à Büyükada (province d’Istanbul), où elle travaille jusqu’à sa mort en 2014, bien qu’aucune de ses biographies n’indique ce retour en Turquie. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections, notamment celles du musée national d’Art et de Sculpture d’Istanbul, de la fondation Vehbi Koç, du musée Istanbul Modern, de la Ziraat Bankası et du musée d’Art Hacettepe d’Ankara. Elle ne bénéficiera cependant que de huit expositions individuelles en soixante ans de carrière. À l’inverse de ses confrères turcs de l’École de Paris, Nejat Devrim (1923-1995) et Selim Turan (1915-1994), dont l’œuvre a été largement reconnue, Tiraje est l’une des grandes oubliées de l’histoire de l’art.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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