Buisson Françoise, Portrait d’Unica Zürn, Paris, Le Nouveau commerce, 1977
→Zürn Unica, Vacances à Maison Blanche : derniers écrits et autres inédits, Paris, J. Losfeld, 2000
→D’Anna Anouchka, Unica Zürn : l’écriture du vertige, Paris, Cartouche, 2010
Unica Zürn (dessins-gouaches), Le Point Cardinal, Paris, 9-31 janvier 1962
→Unica Zürn, Neue Gesellschaft für Bildende Kunst, Berlin, 17 octobre – 22 novembre 1998
→Unica Zürn, Halle Saint Pierre, Paris, 25 septembre 2006 – 4 mars 2007
Écrivaine et peintre allemande.
Le nom d’Unica Zürn, auteure-artiste allemande exilée à Paris dès 1953 aux côtés de Hans Bellmer, est lié à une œuvre hors du commun. Entre l’écriture et le dessin à l’encre de Chine, cette œuvre fortement influencée par l’esthétique surréaliste et la maladie mentale (la schizophrénie dont elle souffrait jusqu’au moment de sa défenestration, et qui fut magistralement « illustrée » dans L’Homme-Jasmin, 1971) témoigne d’une nette prédilection pour la praxis intermédiale où s’entrelacent le langage verbal et le langage pictural. Les deux médias sont mis au service d’un questionnement multidimensionnel sur le moi-femme qui, de Oracles et spectacles : quatorze poèmes-anagrammes et huit eaux-fortes (1954) à Vacances à Maison blanche (1970), en passant par Anagrammes (1953-1964), Le Blanc au point rouge (1959) et Sombre printemps (1969) se construit à travers la mise en récit de son corps. Se projetant dans des identités autres, se scrutant dans divers états d’être grâce à la plume de l’écrivaine ou à l’œil attentif de la dessinatrice, U. Zürn se recrée comme subjectivité polymorphe, formée de multiples visages et personae, dont certaines d’une inquiétante étrangeté.
Si Hans Bellmer l’encourage à écrire, c’est comme dessinatrice et peintre qu’elle intègre les milieux surréalistes parisiens d’après-guerre : elle participe, en 1959, à l’exposition Eros chez Daniel Cordier, et rencontre le soutien et l’amitié d’André Pieyre de Mandiargues, de Max Ernst, et surtout d’Henri Michaux. Son œuvre de dessinatrice – un enchevêtrement de graphismes filandreux en forme de flammèches, de nœuds et d’yeux, un bestiaire fantasmagorique de créatures doubles et métamorphiques – s’approche de l’art brut. La mise à nu de ses fantasmes et des angoisses morbides qu’elle y livre trouvera sa pleine expression dans ses écrits où elle invente, avec la concision froide d’une intelligence clinique et la vérité d’une voix non altérée, une écriture d’exploration du désir, de la souffrance et des affres de la folie.